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Arthrose : les traitements d’aujourd’hui et les promesses de demain (actualisation 2025)

    L'arthrose, une maladie fréquente

      Représentation schématique arthrose du genou L’arthrose est une maladie articulaire chronique et progressive, caractérisée par la dégradation du cartilage, des modifications de l’os sous-jacent et une inflammation variable de l’articulation. Elle se manifeste principalement par des douleurs articulaires, une raideur et une perte de fonction, pouvant lourdement impacter la qualité de vie.

    En 2020, 595 millions de personnes souffraient d’arthrose dans le monde soit 14,8 % de la population mondiale L’arthrose est classée au septième rang des maladies responsables d’années vécues avec un handicap chez les adultes âgés de 70 ans et plus. Cette prévalence a considérablement augmenté à partir de 1990 et une nouvelle augmentation, estimée à 1101,6 millions d’individus, est prévue en 2050.Cet article a pour objectif de faire le point, en 2025, sur l’ensemble des traitements disponibles pour l’arthrose, qu’ils soient validés de longue date ou encore en cours d’évaluation. L’enjeu est de donner une vision claire et actualisée aux professionnels de santé comme aux patients, afin de mieux comprendre les stratégies thérapeutiques actuelles et les pistes prometteuses de demain.

    Une maladie hétérogène, une multitude de facteurs de risque

    Le surpoids et l’obésité constituent un facteur de risque important, en lien avec la surcharge articulaire. La faiblesse du muscle extenseur du genou est associée à l’incidence de l’arthrose symptomatique et radiographique du genou. L’activité physique de loisir n’est pas associée à une arthrose du genou symptomatique ni radiographique.

    Les facteurs familiaux sont fortement associés au risque d’arthrose de la colonne vertébrale, de la main et de la hanche. Les gènes impliqués dans le développement du squelette pourraient être un facteur de risque majeur mais également ceux de la dégradation des articulations. A ce jour, en pratique clinique, le dépistage par les données génétiques n’est pas recommandé mais prometteur pour l’avenir.

    Une interaction entre facteurs génétiques et mode de vie

    Les données récentes concernant le mode de fonctionnement de l’arthrose montrent une interaction complexe entre les facteurs génétiques et les facteurs de risque liés au mode de vie.

    Le déclencheur du processus d’arthrose serait un facteur biomécanique (blessure ou microtraumatisme) qui pourrait interagir avec une susceptibilité génétique et les facteurs environnementaux. 

    Les patients signalent des douleurs et/ou une limitation d’activité comme principaux symptômes. 

    La douleur est multidimensionnelle et multifactorielle et peut être en lien avec l’articulation arthrosique elle-même mais également avec les structures extra-articulaires comme les muscles, les tendons ainsi que les os.Représentation schématique arthrose du genou

    Les traitements de l'arthrose

    Il n’existe à ce jour aucun traitement anti-arthrosique spécifique. Les recommandations préconisent de fournir une information efficace et individualisée, combinée avec des traitements non pharmacologiques et pharmacologiques et, lorsque celles-ci sont insuffisantes, la chirurgie.

    Les traitements non-pharmacologiques

    Une éducation centrée sur le patient est fondamentale. Elle doit être individualisée et adaptée aux préoccupations, aux croyances et au contexte des patients.Toutes les recommandations préconisent la perte de poids comme objectif principal du traitement l’arthrose du genou et de la hanche chez les patients en surpoids ou obèses. Une méta-analyse montre qu’une perte de poids de 5 à 10 % a un effet modéré sur la douleur dans la gonarthrose (différence moyenne standardisée 0,33), une perte de 10 % ou plus est nécessaire pour avoir un effet important sur la douleur.Les recommandations préconisent les exercices thérapeutiques pour l’arthrose du genou, de la hanche et de la main. Une revue systématique et une méta-analyse de 31 essais contrôlés randomisés montrent un effet faible, d’importance clinique discutable, sur la douleur et la fonction à 3 mois dans l’arthrose du genou et de la hanche.L’activité physique pourrait réduire la douleur et améliorer la fonction et la qualité de vie liée dans l’arthrose. Trop souvent, les avantages de l’activité physique, comme la marche dans le cadre des activités de la vie quotidienne, sont sous-estimés, alors qu’elle est peu coûteuse, faisable, acceptable et accessible à tous.Des orthèses, des cannes ou des aides à la marche peuvent être envisagées pour réduire la douleur et améliorer la fonction physique.L’efficacité de l’acupuncture, la thérapie manuelle et le massage n’est pas démontrée, et les recommandations incohérentes.Les chaussures adaptées ou les semelles n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.Les attelles de genou sont recommandées pour le contrôle des symptômes, malgré le peu de preuve. Il existe des preuves que les orthèses pourraient être bénéfiques dans la rhizarthrose (arthrose du pouce).

    Les traitements pharmacologiques

    Actuellement, seuls des médicaments à visée antalgique sont disponibles. 

    Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont recommandés pour le traitement de l’arthrose (par ex. : diclofénac 150 mg par jour, étoricoxib à 60 mg par jour). Cependant, les effets indésirables gastro-intestinaux, rénaux et cardiovasculaires limitent leur utilisation. Ils sont recommandés à la dose efficace la plus faible pendant de courtes périodes. 

    Les AINS topiques sont le traitement de premier choix pour de l’arthrose de la main et du genou en raison de leur profil d’innocuité (diclofénac topique).

    Les injections intra-articulaires de corticostéroïdes sont efficaces sur la douleur à court terme chez les patients souffrant d’arthrose du genou et de la hanche (par rapport au placebo -11,85 sur une échelle de 0 à 100).

    Le paracétamol est recommandé que lorsque les AINS sont contre-indiqués pour une utilisation à court terme en raison de son faible effet bénéfique sur la douleur.

    Une revue Cochrane ne retrouve aucun bénéfice important du tramadol sur la douleur par rapport au placebo (amélioration absolue de 4 %) et un risque plus élevé d’événements indésirables. À ce titre, la recommandation du tramadol doit être reconsidérée.

    Les antidépresseurs, en particulier les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (duloxétine) peuvent être envisagés. Une revue Cochrane a rapporté un faible effet positif sur la douleur (différence moyenne 0,59 ; échelle 0 à 10) pouvant aller jusqu’à 16 semaines, sans différence en termes d’événements indésirables graves entre les groupes.

    Des médicaments développés dans d’autres indications

    Plusieurs médicaments développés initialement dans d’autres indications ont été étudiés dans l’arthrose.

    Les biothérapies ciblant les cytokines pro-inflammatoires n’ont pas montré d’effet sur la douleur à court et à moyen terme.

    Un essai contrôlé contre placebo évaluant 10 mg de prednisolone par jour a réduit la douleur significativement, sachant que les effets indésirables empêchent une utilisation à long terme.

    Un essai contrôlé contre placebo avec le méthotrexate a démontré un effet antalgique dans l’arthrose de la main.

    Les essais avec la colchicine, n’ont montré aucun effet sur la douleur à court terme mais leur utilisation à long terme pourrait être efficace, comme le suggèrent les analyses post-hoc de deux essais contrôlés randomisés.

    Des données supplémentaires sont nécessaires pour évaluer le bénéfice/risque des médicaments utilisés dans le traitement de l’ostéoporose et des traitements utilisés dans le diabète de type 2 et la perte de poids tels que la metformine et les agonistes des récepteurs GLP-1.

    Les nouvelles thérapeutiques

    Le blocage du NGF (nerve growth factor) par les anticorps monoclonaux a montré une efficacité sur la douleur, mais dans certains cas elle s’accompagne d’une arthrose progressive rapide et de l’augmentation du recours aux arthroplasties.

    De nombreux médicaments visant à prévenir la perte ou la régénération du cartilage ou à modifier le remodelage osseux sous-chondral, ont été développés mais restent à valider tels que : le facteur de croissance des fibroblastes, un inhibiteur de la cathepsine K, le Lorecivivint un inhibiteur de la kinase CLK/DYRK…

    A ce jour, il n’a pas de preuve d’efficacité de l’administration intra-articulaire du plasma riche en plaquettes ou plasma riche en facteurs de croissance (PRP, platelet-rich plasma), du dextrose hypertonique (prolothérapie), de l’acide hyaluronique ni des cellules mésenchymateuses.

    Les autres stratégies thérapeutiques

    Bien que la prothèse des membres inférieurs et de l’épaule soit efficace sur la douleur et la fonction, jusqu’à 25 % des patients ayant bénéficié de la mise en place d’une prothèse de genou sont, dans une certaine mesure, insatisfaits du résultat. La prothèse de genou est efficace chez les patients avec un IMC élevé, mais au prix de davantage de complications.

    Une revue systématique de niveau de preuves faible (rapports de cas) a montré l’efficacité de la dénervation chirurgicale dans l’arthrose de la main mais également des événements indésirables considérables. 

    Le bloc nerveux du nerf géniculaire, ou son ablation par radiofréquence, recommandé sous condition par l’American College of Rheumatology, montre un soulagement à court terme de la douleur du genou mais reste à valider.

    La gestion des facteurs de risque cardiovasculaire est indispensable pour réduire les taux de mortalité.Les personnes souffrant d’arthrose ont une prévalence plus élevée d’hypertension, l’obésité, de dyslipidémie et de diabète par rapport à la population générale.

    Quid de la prévention ?

    Un programme de prévention de la prise de poids en population générale a montré une diminution efficace du poids et de l’évolution des douleurs de genou. Ralentir la prise de poids dans la population dès le début l’âge adulte pourrait permettre d’économiser des sommes considérables en soins de santé et en nombre de prothèses totales des membres inférieurs.

    Le risque de gonarthrose augmente de 4 à 6 fois après une blessure. Il n’existe aucune preuve que la reconstruction du ligament croisé antérieur ou la méniscectomie partielle réduisent le risque d’arthrose à long terme, malgré une certaine amélioration à court terme des symptômes. Une revue systématique d’intervention de prévention spécifique des blessures, notamment pour la cheville, les ischio-jambiers et le ligament croisé antérieur montrent qu’elles sont coûteuses mais efficace. Le maintien de l’activité physique est important pour maintenir une articulation saine et l’intégrité des muscles, des ligaments, de l’os et du cartilage.

    La marche devrait être encouragée puisqu’il s‘agit d’une activité physique peu coûteuse, accessible et acceptable pour prévenir l’arthrose. Pour les amateurs de course à pied, aucune preuve ne suggère que cette activité puisse entrainer de l’arthrose.

    Conclusion

    L’arthrose demeure, en 2025, un défi majeur tant pour les patients que pour les soignants. Malgré les nombreuses avancées dans la compréhension de la maladie et l’exploration de nouvelles pistes thérapeutiques, aucun traitement curatif n’a encore vu le jour. La prise en charge reste centrée sur la gestion des symptômes, l’accompagnement personnalisé, et l’optimisation du mode de vie, avec un rôle clé pour l’éducation thérapeutique, l’exercice physique et la prévention du surpoids.
    L’intérêt grandissant pour des molécules innovantes, des approches ciblant les mécanismes biologiques de la douleur et de la dégradation articulaire, ainsi que les traitements régénératifs, ouvre des perspectives encourageantes, bien qu’encore à confirmer.
    Enfin, au-delà des traitements, il est indispensable de renforcer la prévention, notamment en luttant contre le surpoids, en favorisant l’activité physique régulière et en prévenant les blessures articulaires. Face à l’impact croissant de l’arthrose sur les populations vieillissantes, la mise en œuvre de stratégies de santé publique efficaces sera essentielle pour limiter la progression de la maladie et ses conséquences socio-économiques.

    Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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