soins-rando-survie, auteur/autrice sur Soins Rando Survie https://www.soins-rando-survie.com/author/admin6580/ Le soin à portée de main Wed, 13 Nov 2024 12:24:45 +0000 fr-FR hourly 1 https://www.soins-rando-survie.com/wp-content/uploads/2022/12/Logo-SRS-2-100x100.webp soins-rando-survie, auteur/autrice sur Soins Rando Survie https://www.soins-rando-survie.com/author/admin6580/ 32 32 Les blessures en course à pied https://www.soins-rando-survie.com/les-blessures-en-course-a-pied/ https://www.soins-rando-survie.com/les-blessures-en-course-a-pied/#respond Wed, 13 Nov 2024 11:39:19 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3993 La course à pied, mode de déplacement faisant partie du domaine de l’athlétisme, est pratiquée avec une multitude de possibilités : sprint, demi-fond, fond, trail, course en montagne etc. Elle a comme particularité d’avoir une phase de suspension, phase où il n’y a aucun appui podal, à l’inverse de la marche. Différents termes sont employés… Lire la suite »Les blessures en course à pied

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La course à pied, mode de déplacement faisant partie du domaine de l’athlétisme, est pratiquée avec une multitude de possibilités : sprint, demi-fond, fond, trail, course en montagne etc.
Elle a comme particularité d’avoir une phase de suspension, phase où il n’y a aucun appui podal, à l’inverse de la marche.

Différents termes sont employés : footing, jogging, running. Le terme jogging est employé pour une activité à faible intensité, durant laquelle on doit pouvoir être capable de parler. Le terme footing caractérise également une course à pied à intensité faible. A l’inverse, le terme running est plus adapté pour des courses à intensité plus élevée.

L’épidémiologie

L’univers de la course à pied et de la marche est l’activité sportive la plus pratiquée par les français que ce soit chez les hommes ou les femmes, et à n’importe quel âge. D’après une étude de l’INJEP en 2018, 40 % des français de plus de 15 ans ont déclaré au cours des douze derniers mois, avoir pratiqué une activité physique ou sportive en lien avec l’univers de la marche et/ou la course, avec parmi eux 16 % de pratiquants pour le footing/running, et 23% pour la randonnée pédestre. Reproduite en 2020, cette enquête a montré une augmentation à 42 % de pratiquants dans l’univers de la marche/course, soit + 2 % par rapport à 2018.

Les coureurs ont dit préféré courir seules à 71 %, et seulement 17 % en 2014 ont participé à une course organisée. Une augmentation de 45 % de coureuses a été constaté entre 2012 et les études de la FFA (Sportlab) en 2016 et l’Union Sport et cycle (BVA) en 2017.

L’exemple du Marathon de Paris montre cet engouement au fil du temps. (9). Créée en 1896, cette épreuve est devenue annuelle à partir de 1976. A cette époque, strictement réservée aux hommes, elle compte 126 participants. En 1986, ce nombre (hommes et femmes confondus) passe à 10.000 puis, 36.000 en 2006 et 50.000 en 2016. Lors de la dernière édition en 2024, plus de 60.000 personnes étaient inscrites.

La biomécanique de la course

La course à pied à allure régulière est composée d’une succession de cycles de jambes qui se répètent à l’identique, caractérisée par une distance et une durée. Un cycle démarre lorsqu’un pied touche le sol, et se termine lorsque ce dernier retouche le sol à nouveau. Le cycle est lui-même divisé en 2 foulées (ou 2 pas) symétriques droite et gauche, correspondant à la distance entre 2 appuis successifs. Il peut varier en amplitude (longueur) et en fréquence (répétition).
Biomécanique de la course, schéma
Soins rando survie

Le cycle de jambe est composé de 2 phases : la phase de suspension (60 % du temps) et la phase d’appui (40 % du temps). La phase d’appui est divisée en 3 parties : la phase d’amortissement, la phase de soutien, et la phase de propulsion.
1) La phase d’amortissement : elle débute dès le contact pied/sol, le centre de gravité se trouve en arrière.
2) La phase de soutien : le moment où le centre de gravité se trouve à l’aplomb de l’appui au sol.
3) La phase de propulsion (poussée) : elle est totalement terminée lorsque le pied quitte le sol.

Lors de la phase de suspension, il n’y a aucun contact entre le sol et le coureur. Le coureur ne peut ni accélérer, ni ralentir son mouvement.

Dans ce qui suit, nous aborderons les différents types d’attaques du pied au sol ainsi que les types de foulées (pronatrice, supinatrice, universelle). L’objectif est avant tout de vous faire découvrir ces notions, notamment pour les débutants en course à pied. Si vous souhaitez approfondir ces sujets essentiels, je vous recommande de poursuivre vos recherches afin de mieux les maîtriser.

Dans la course à pied, le type d’attaque du pied au sol (plan sagittal) lors de la phase d’amortissement est un facteur à prendre en compte. Le pied est divisé schématiquement en 3 parties :
• L’attaque talon (rear foot strike) : le contact au sol se fait par le talon, il s’agit d’une grande majorité des coureurs, peu importe la distance parcourue.
• L’attaque médio pied (mid foot strike) : le contact se fait pied à plat.
• L’attaque avant pied (fore foot strike) : le contact se fait sur l’avant pied.
Attaque du pied au sol schéma
soins Rando survie

Sur le plan transversal, le coureur est caractérisé comme étant pronateur, universel ou supinateur :
• Pronation : la plus fréquente, le pied s’affaisse vers l’intérieur, dû à des appuis médiaux (=internes) excessifs. L’usure de la chaussure est externe au niveau du talon puis au niveau de l’avant pied plus marquée au niveau de l’hallux (= 1er orteil, le plus gros).
• Universelle (neutre) : il s’agit de la position normale, seulement présente chez 30 % des coureurs. C’est une position entre la pronation et la supination, sans déséquilibre. On retrouve une usure interne et externe lors de la phase d’attaque. L’avant pied lors de la phase de propulsion est usé de façon bien répartie.
• Supination : plutôt rare (5 à 15 % des coureurs), le pied s’affaisse vers l’extérieur, dû à des appuis latéraux excessifs. L’usure de la chaussure est plus marquée en externe, sur le bord externe de l’avant pied, vers le cinquième orteil (le plus petit).

types de foulées running
dessin
soins rando survie

Les blessures en course à pied : définition et épidémiologie

Une définition du terme blessure en course à pied (running related injuries en anglais) a été proposée lors d’un consensus d’experts internationaux en 2015. Il s’agit d’une douleur musculo-squelettique liée à la course (en compétition ou à l’entrainement) des membres inférieurs qui provoque une restriction ou un arrêt de la course (distance, vitesse, durée, ou entrainement) pendant au moins 7 jours, ou sur 3 séances d’entrainement programmées consécutives, ou qui nécessite de consulter un médecin ou un autre professionnel de santé. Une technopathie est une blessure de surutilisation, par la répétition d’un geste. Les structures osseuses, tendineuses, musculaires etc. doivent supporter sur chaque appui 3 fois le poids du corps en moyenne. Sachant qu’il y a 600 à 1000 impacts au sol par km, ces pathologies sont retrouvées très fréquemment en course à pied.

Les blessures sont très fréquentes chez le coureur loisir. L’incidence des blessures dans les 12 mois suivant une course (5, 10, 15 et 21 km), variait entre 14,2% et 17, 2% dans une étude de 2014.

Dans une autre étude de 2018 qui étudie les blessures des coureurs sur une durée de 4 ans, plus de 30 % des coureurs (débutants et expérimentés confondus) ont été blessés sur une année, avec une incidence de blessures pour 1000 heures de course plus élevée chez le débutant.
Dans 70 % des cas, la guérison est intervenue dans les 10 jours.

En 2019, une autre étude consistait à faire une revue systémique de la proportion des blessures des membres inférieurs en course. Les 5 blessures principales du coureur sont : le syndrome douloureux fémoro-patellaire, la tendinopathie calcanéenne, le syndrome de stress tibial médial, fasciite plantaire et le syndrome de la bandelette ilio-tibiale. Tout sexe confondu, le genou était le plus touché (28%), suivi de la cheville (26%) et de la jambe (16%). Les femmes étaient plus touchées au niveau du genou, alors que les hommes sont touchés de manière plus homogène. La majorité des lésions est retrouvée au niveau des genoux ou en dessous de ce dernier.

Les blessures musculo squelettiques les plus fréquentes

L’objectif ici est de vous présenter les blessures musculo-squelettiques les plus fréquentes, sans toutefois être exhaustif.

Chacune de ces pathologies pourrait, et a probablement déjà, fait l’objet de thèses et autres études poussées. Nous vous les exposons de manière concise pour que vous puissiez les identifier et, le cas échéant, vous orienter si vous ressentez des douleurs.

Nous n’aborderons pas ici les différents traitements en détail. Cependant, il est important de souligner que pour toutes ces blessures, l’anticipation est essentielle.
L’anticipation = la clé pour éviter les blessures.
Une gestion raisonnée de vos efforts, voilà le principe fondamental de toute activité physique. Dès que vous ressentez une douleur, arrêtez-vous immédiatement. À un stade précoce, une inflammation peut se résorber rapidement avec du repos. En revanche, si vous persistez, la récupération sera plus longue, voire incomplète, en raison de cicatrisations inadaptées.

Numéro 1 : l’anticipation. Cela implique également de porter des chaussures adaptées. Nous vous renvoyons à notre article sur l’importance de prendre soin de ses pieds : Pensez à vos pieds avant de penser à l’itinéraire.

Numéro 2 : le repos. Si vous ressentez une douleur, comme celles décrites ci-après, il est crucial d’arrêter toute activité physique qui l’aggrave. C’est le moment pour consulter un médecin, poser un diagnostic et entamer une phase de repos.

Repos et anticipation constituent les principaux traitements pour ces blessures. Vous pouvez également appliquer du froid sur la zone douloureuse et chaude pour réduire l’inflammation. Cela accéléra la récupération.

Les autres solutions possibles :
– Médicaments : Les anti-inflammatoires peuvent être utiles dans certains cas, mais ils ne remplacent ni le repos ni l’anticipation. Les anti-inflammatoires peuvent être pris par la bouche, appliqués sur la peau ou directement injectés dans la zone douloureuse (infiltration).
– Chirurgie : Rarement nécessaire pour ce type d’affections.
– Kinésithérapie : Des séances peuvent vous aider, notamment pour apprendre à ménager les zones douloureuses, solliciter d’autres groupes musculaires ou améliorer votre posture pendant la marche ou la course. 

a) Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale

Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, dessin soins rando survieCe syndrome est également appelé syndrome de l’essuie-glace, syndrome de friction, tendinite du tenseur du fascia lata ou syndrome de la bandelette de Maissiat. Pathologie fréquente chez tout type de coureurs, il s’agit de la 1ère cause de douleur latérale du genou. La douleur est typique, au niveau du genou sur la face externe (vers l’extérieur, pas vers l’autre genou), d’apparition pendant la course ou après, obligeant le coureur à s’arrêter. Elle survient à chaque fois au bout du même temps de course, avant de s’aggraver et d’être de plus en plus précoce. La guérison est longue. Anatomiquement, la bandelette ilio-tibiale est un tissu semi-rigide qui prolonge le muscle tenseur du fascia lata, le moyen et grand fessier, et se termine en majorité sur la partie proximale du tibia (= le haut du tibia), ainsi que sur la patella (la rotule). La bandelette a un rôle dans le mouvement de la hanche, ainsi que la stabilisation du genou. Concernant la cause, le doute persiste sur l’origine exacte de ce syndrome. Une des théories explique la douleur par une friction excessive de la bandelette sur le fémur (os de la cuisse) à sa partie distale (vers le genou), lors des mouvements répétitifs de flexion/extension du genou.
Le diagnostic se fait cliniquement, pas besoin de radiographie ou de scanner, via des tests comme celui de Renne, qui consiste à faire un mouvement de flexion/extension du genou, le médecin exerçant une pression avec un doigt sur le condyle latéral, ou celui de Noble durant lequel le patient est en appui monopodal, le médecin lui demandant de faire des flexions/extensions.

b) Le syndrome douloureux fémoro-patellaire

Le syndrome douloureux fémoro-patellaire est également appelé syndrome rotulien, douleur fémoro-patellaire, runner’s knee ou anterior pain knee en anglais. Il représente entre 16 et 25 % des blessures, 1ère cause de blessures du genou. Les femmes sont plus touchées que les hommes. Ce syndrome représente 25 à 40 % des problèmes de genou en médecine du sport. Il s’agit d’une douleur antérieure du genou (en avant du genou), au niveau de la patella (=rotule). Ce syndrome est la conséquence d’un mauvais cheminement de la patella lors des mouvements du genou. Son origine est multifactorielle. La stabilité de cette articulation est assurée par un système dynamique (musculaire, tendineux), un système statique (capsule articulaire, trochlée fémorale, ligamentaire), ce qui permet de contrôler les mouvements patellaires au niveau du fémur.
Le diagnostic est fait grâce à l’histoire de la douleur et à l’examen clinique complet du genou. C’est une douleur qui est située en avant du genou, ou derrière la patella, ou autour de cette dernière. La douleur est difficilement localisable par les patients, beaucoup font un cercle autour de la patella « circle sign ». Elle apparait après quelques minutes de course, et disparait au bout de quelques heures au repos, souvent présente lors d’une position assise prolongée « le signe du cinéma » ou lors de la montée/descente des escaliers. Cliniquement, il existe une douleur à la mobilisation de la patella.

Le syndrome douloureux fémoro-patellaire, dessin soins rando survie

c) Le syndrome de stress tibial médial

Le syndrome de stress tibial médial soins rando survieCe syndrome est aussi appelé périostite tibiale ou shin splint en anglais. Des études ont démontré qu’il serait responsable, dans 6 % à 16 % des cas, de la survenue de blessures chez tous les coureurs. Le périoste ( = fin tissu nourricier entourant les os et très innervé) du tibia est enflammé, de manière unie ou bilatérale. La douleur se situe en bas du tibia, sur une longueur de 5 cm ou plus, déclenchée lors d’une activité physique ou après, et qui se calme avec du repos. Elle est reproduite à la palpation. C’est un diagnostic clinique si la douleur est typique à l’interrogatoire ainsi qu’à l’examen physique. Là encore, il n’y a pas besoin de faire d’examens complémentaires pour poser le diagnostic.

d) La tendinopathie calcanéenne

La tendinopathie calcanéenne, dessin
soins rando survieÉgalement appelé tendinopathie achiléenne, il s’agit d’une pathologie du plus gros tendon du corps humain. Il prolonge le triceps sural (= le mollet), lui-même composé de 3 muscles, en profondeur, le muscle soléaire, et en superficie, le muscle gastrocnémien médial et latéral. Il s’attache à son extrémité au calcanéum ou talon, et quelques fibres s’étendent vers l’aponévrose plantaire. Son rôle est la flexion plantaire (= incline le pied vers le bas) et la propulsion du pied lors de la marche.
La douleur apparait initialement après l’effort, puis de plus en plus précocement au cours de l’effort, et dans un stade avancé, se caractérise par la présence d’une raideur matinale. A l’examen clinique, on constate une triade douloureuse : à la palpation, à l’étirement et à la contraction résistée du tendon (le médecin vous empêche d’incliner le pied vers le bas en gardant votre pied vers le haut). On peut également palper un épaississement du tendon sous forme de nodule.

e) La fasciite plantaire

Représentation schématique de l'aponévrose plantaireÉgalement appelée aponévropathie ou aponévrosite plantaire , c’est une atteinte de l’aponévrose plantaire (voir article ) qui est un tissu conjonctif dans la continuité du tendon calcanéen, tendue du talon jusqu’à la base des orteils formant la voûte plantaire.
C’est une des pathologies les plus récurrentes dans la population générale : 10 % des gens en souffriront au cours de leur vie. Fréquente en course à pied, des études ont montré qu’elle représente 8 à 10 % des blessures et 80 % des douleurs de talon. Les microtraumatismes qui sont répétés lors de la course entrainent des micro-déchirures et une inflammation, qui se traduit par un épaississement de l’aponévrose. C’est une douleur sous talonnière, d’apparition progressive, intense au réveil, augmentée en position de station debout prolongée, s’aggravant à la marche. Elle peut être bilatérale. Cliniquement, la douleur est reproduite lors de la palpation de la voute plantaire et du talon dans sa partie médiale, et lors d’une flexion dorsale de la cheville et des orteils ( = en faisant comme si l’on voulait marcher sur les talons).

Conclusion

Vous connaissez désormais les blessures musculo-squelettiques les plus fréquentes en course à pied. Grâce à ces connaissances, vous êtes mieux armé pour poser un premier diagnostic, que ce soit pour vous-même ou pour votre entourage. Toutefois, il est essentiel de faire confirmer ce diagnostic par un médecin.

N’attendez pas si une douleur apparaît. La fameuse phrase « ça va passer » s’applique rarement en médecine. Une inflammation nécessite impérativement du repos pour guérir. Plus vous insistez, plus les douleurs s’intensifieront, et plus la guérison prendra du temps.
Attention, un point de non-retour peut être atteint, avec des séquelles permanentes, si vous n’écoutez pas votre corps.

En matière de santé, l’anticipation est votre meilleure alliée.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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La soumission chimique (alcool = numéro 1) https://www.soins-rando-survie.com/la-soumission-chimique-alcool-numero-1/ https://www.soins-rando-survie.com/la-soumission-chimique-alcool-numero-1/#respond Sun, 10 Nov 2024 14:20:28 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3969 La soumission chimique peut se définir comme l’administration de substances psychoactives à l’insu d’une personne à des fins criminelles ou délictueuses. C’est un phénomène peu connu et certainement encore largement sous-estimé en France. On la distinguera de la vulnérabilité chimique qui, elle, se définit comme une consommation volontaire de substances psychoactives, médicamenteuses ou non, entraînant… Lire la suite »La soumission chimique (alcool = numéro 1)

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La soumission chimique peut se définir comme l’administration de substances psychoactives à l’insu d’une personne à des fins criminelles ou délictueuses.
C’est un phénomène peu connu et certainement encore largement sous-estimé en France.

On la distinguera de la vulnérabilité chimique qui, elle, se définit comme une consommation volontaire de substances psychoactives, médicamenteuses ou non, entraînant une fragilisation du sujet et de son état de conscience qui devient alors plus vulnérable à une agression.

Cette définition est à considérer via le prisme médical mais aussi légal. La soumission chimique est avant tout une décision de justice, la qualification d’un facteur aggravant

Au début de la vie, on parle d’enfants chimiquement battus dans une situation où ce sont les parents ou les nourrices qui administrent un sédatif pour diminuer la charge de travail ou avoir du temps pour se divertir. À l’autre extrémité de la vie, ce peut être, et pour les mêmes raisons, l’entourage ou du personnel peu scrupuleux en maison de retraite avec des pensionnaires peu compliants. Si l’on associe fréquemment soumission chimique et agression sexuelle, les affaires rapportées ne se limitent pas à cette situation, mais peuvent se retrouver pour des vols avec ruse, dans le monde du travail entre collègues, en compétition sportive ou encore lors d’actes malveillants sur le plan financier, avec par exemple la signature non consentie d’actes de propriétés. 

C’est chez les enfants en jeune âge qu’au début des années 1980, les professeurs Jacqueline Jouglard (Marseille) et Chantal Bismuth (Paris) ont notifié les premières observations de soumission chimique en France, décrivant des enfants léthargiques et les qualifiant d’« enfants chimiquement battus ».

Dans la plupart des cas, les agents chimiques sont administrés par voie orale. L’épisode des piqûres (needle spiking) du printemps et de l’été 2023, n’a jamais conduit à la mise en évidence d’une quelconque substance active. Les boissons naturellement amères (café), de couleur foncée (cola) ou encore très sucrées ou alcoolisées sont les principales sources d’administration.

Aucune enquête n’est en mesure de comptabiliser de façon exhaustive le nombre de victimes de soumission chimique par an en France du fait de la complexité de la problématique (faible judiciarisation des affaires, difficultés de mise en évidence des substances).

Les violences sexuelles :
La soumission chimique, comme nous l’avons indiqué, est utilisée à des fins criminelles ou délictuelles. Les victimes peuvent alors subir des vols, de l’extorsion, des violences physiques, ainsi que des violences sexuelles. On distingue le viol, qui est un crime, des autres violences sexuelles, qui sont des délits, comme les attouchements sexuels, les exhibitions sexuelles, le harcèlement sexuel ou les atteintes sexuelles sans violence, menace, contrainte ou surprise sur les mineurs.

Il est important de préciser que le viol est une infraction et non un diagnostic. Comme pour les soumissions chimiques, le viol est déterminé par un juge qui se fonde sur la loi 222-22 du code pénal comme « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol ».

Un acte de violence sexuelle associée à une soumission chimique est une confrontation entre deux protagonistes, victime et auteur, et l’implication d’une substance tierce (substance psychoactive).

Les victimes

Les victimes sont le plus souvent des femmes jeunes ou des enfants. Il n’est pas retrouvé, dans la littérature, de facteurs sociaux ou économiques discriminants significatifs. Aussi est-il difficile de se rendre compte de la relation qui les lie à l’auteur.
Cependant il est toutefois nécessaire de noter que bien souvent dans les situations de viols avec soumission chimique, l’auteur est connu de la victime.

Le choix du produit

Préparation d'un cocktail Les auteurs ont recours à une molécule chimique à la recherche de différents états cliniques :
➢ Un effet sédatif et/ou hypnotique où la cible de l’auteur présente des troubles de la vigilance voire un endormissement.
➢ Un effet désinhibiteur où la cible pourra être malléable par l’auteur.
➢ Un effet hallucinogène afin d’entraîner la perte des repères temporo-spatiaux de la cible.

En plus de ces effets, les molécules choisies peuvent entraîner une amnésie antérograde qui sera temporaire. L’amnésie antérograde est un trouble de la mémoire à court terme, le sujet n’arrive pas à garder en mémoire ce qui se déroule à l’instant présent.

Les auteurs de violences sexuelles privilégient les molécules à délai d’action courte, c’est-à-dire qui agissent rapidement. Mais également avec une demi-vie courte ce qui signifie que la molécule sera rapidement éliminée par le corps et agira donc peu longtemps. Enfin, les auteurs utiliseront la plus petite dose efficace de produit, rien ne sert de mettre beaucoup quand il est possible de mettre peu. Cette utilisation à minima permet d’éviter des réactions moléculaires imprévisibles et de diminuer la possibilité de dépister le produit.

Toutes ces caractéristiques entraînent diverses difficultés : difficultés pour la victime à identifier ce qui lui arrive, difficultés pour les médecins à identifier des symptômes spécifiques d’un type de substance (d’autant plus en cas d’existence d’un état de stress), difficulté de dépistage du produit utilisé (concentration faible et période d’élimination rapide).

Les drogues

Globalement, les agents chimiques sont essentiellement de 2 types, avec des effets pharmacologiques très différents : les sédatifs et les euphorisants.

La première catégorie combine des actions hypnotiques (diminue la vigilance), narcotiques (qui fait dormir) et parfois myorelaxantes (relâche les muscles).

Tandis que la seconde catégorie est utilisée comme adjuvant de l’humeur par effet euphorisant et abolition de la méfiance.

Les drogues les plus souvent rencontrées et décrites sont :

a. L’éthanol (sédatif)

En effet, l’alcool éthylique a un effet désinhibant pouvant conduire à des troubles de la conscience. Sa facilité d’accès et son administration per os (= par la bouche) le rend particulièrement dangereux et très utilisé. Comme l’ingestion alcoolique éthylique se fait largement de manière volontaire, c’est la substance psychoactive la plus retrouvée dans les cas jugés en tant que vulnérabilité chimique.
L’alcool est également retrouvé quasi-systématiquement dans l’ensemble des situations de soumission chimique, en association ou seul.

b. La kétamine ou autres substances MDMA-like (euphorisant)

La MDMA (3,4-methylenedioxymethamphetamine) est le composant de l’ecstasy. Elle fait partie des drogues « dures » qui sont courantes en tant que « club-drugs ». Ces drogues de la nuit entraînent divers effets psychiques comme l’euphorie, la déréalisation ou encore des hallucinations, mais aussi des effets cardiovasculaires, neuro endocrines et ophtalmiques

c. Les benzodiazépines (sédatif)

Les benzodiazépines sont les sédatifs les plus prescrits en France. Ils sont inodores et ont une durée de vie courte. Ils font partie de la classe pharmaceutique la plus retrouvée dans les cas de soumission chimique en France.

d. Le GHB (sédatif)

Le GHB est un produit anesthésiant assez récent. Arrivé dans les années 60 en Europe, il était utilisé comme anesthésiant mais comportait de nombreux effets indésirables (faible pouvoir anesthésiant, nausées …). La qualité du sommeil induit étant un de ses points forts, il a longtemps était utilisé aux Etats Unis comme traitement de la narcolepsie.
La narcolepsie ou « maladie de Gélineau » est un trouble du sommeil chronique marqué par une somnolence excessive et des épisodes irrésistibles de sommeil pendant la journée.

Ses propriétés pharmacologiques lui valent d’être la « drogue du violeur » la plus mise en avant dans le monde audiovisuel, américain ou européen, et par conséquent d’être la molécule la plus connue du grand public. Cependant, elle n’est pas la plus utilisé, bien au contraire, ce sont les benzodiazépines comme vu précédemment. En effet, contrairement aux benzodiazépine qui relaxent la victime sans pour autant la faire dormir, le GHB peut même à faible dose endormir profondément les personnes.
Cet endormissement n’est généralement pas recherché par les auteurs de viols, qui souhaitent que la victime reste consciente.

Le GHB n’est qu’exceptionnellement retrouvé dans les cas de soumission chimique et la plupart des scientifiques s’accordent à considérer que s’il y a GHB, cela est dû à une pratique de Chemsex (relation sexuelle  avec utilisation de différentes molécules chimiques) et non de soumission chimique.

e. Les anti-histaminiques (sédatif)

Les anti-histaminiques sont des médicaments prescrits dans le cadre d’allergie. Cependant, ils ont la capacité de passer la barrière cérébrale et d’avoir un effet neurologique notamment sédatif.

f. Les nouveaux produits de synthèse (NPS)

Les nouveaux produits de synthèse sont des drogues de synthèses fraîchement conçues et nouvellement utilisées, que l’on peut trouver sur internet. On peut alors retrouver des NPS avec un effet psychostimulant, hallucinogène, ou encore sédatif.

g. Le cannabis (sédatif)

L’ANSM (L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) crédite le cannabis, tout comme l’alcool, comme des facteurs importants de vulnérabilité.

 

L’article Drug facilitated sexual assault and other crimes: A systematic review by countries par D. Garcia et al. est une énorme étude mondiale qui compile les caractéristiques sociodémographiques, et les substances toxiques utilisées afin d’identifier les substances couramment utilisées à des fins criminelles. Ils concluent également à une utilisation majoritaire de l’alcool et des benzodiazépines et aboutissent à la construction d’un planisphère en fonction des drogues les plus représentées par pays. Les drogues associées majoritairement au territoire Français sont : les amphétamines (MDMA) et les benzodiazépines (BZD).

La prépondérance des benzodiazépines s’explique notamment par la facilité d’accès de ces médicaments et la familiarité de la population française générale avec cette molécule.
Les BZD sont normalement prescrits pour la dépression et les états de stress, voir les troubles du sommeil à type d’insomnie.

La détection des substances chimiques

Les prélèvements à visée toxicologique (sang et urine) seront recueillis le plus tôt possible après les faits afin d’assurer une meilleure probabilité de détection d’un agent de la soumission chimique. Si une plainte pour soumission chimique est déposée tardivement (3 à 5 jours après les faits) l’agent chimique peut avoir été complètement éliminé du sang et de l’urine, rendant indispensable une analyse de cheveux. Cependant, il faudra attendre un mois après les faits pour analyser les cheveux. En effet, ce délai permettra la pousse des cheveux ayant incorporé la substance chimique via le sang au moment des faits.

Justice et Médecine

En France, après ouverture d’une procédure judiciaire pour agression sexuelle, le médecin légiste a une place importante comme expert et collaborateur de justice, ainsi que dans la coordination de la prise en charge initiale de la victime présumée.

a. Dépôt de plainte
Le dépôt de plainte est généralement le point de départ d’une enquête. Mais il existe d’autre façon d’ouvrir une enquête comme le signalement, la dénonciation, l’information d’une personne dépositaire de l’autorité publique dans un cas de flagrance… Cette ouverture pénale entraîne la mise en exécution d’un certain nombre de procédures et d’actes. L’officier de police judiciaire (OPJ) sera alors amené à écouter le/la plaignant(e) puis à lui demander de consulter un médecin légiste afin d’être examiné. L’OPJ remettra plusieurs feuilles à la victime qui seront destinées au médecin légiste. Cela permettra notamment à la victime l’absence de frais médicaux.

Les médecins légistes travaillent généralement dans les CHU  (centre-hospitalo-universitaire).

Lors d’un examen en médecine légale, le médecin légiste examine la victime dans le but de répondre aux éventuelles questions utiles à l’enquête policière. Il sera parfois amené à réaliser des prélèvements sur la victime afin de récupérer des liquides biologiques selon la pertinence clinique ou en fonction des demandes formulées sur la réquisition judiciaire de l’OPJ. Enfin, lors de la rédaction de son certificat médical, le médecin légiste devra également statuer sur l’Incapacité Totale de Travail (ITT).

b. L’Incapacité Totale de Travail

Afin de comprendre l’enjeu de l’ITT, nous nous devons de définir les trois différentes classes d’infractions pénales.

La première est la contravention. Une violence est définie de contravention de 4ème classe, lorsque celle-ci est sans circonstance aggravante et n’ayant pas causée d’ITT. Elle sera alors punie par le tribunal de police par une amende de 750 €.

Si l’ITT est comprise entre un et huit jours, toujours sans circonstance aggravante, il s’agit d’une contravention de 5ème classe. Son amende s’élève à 1500 € et peut atteindre 3000 € en cas de récidive.

Une violence est cette-fois définie de délictuelle lorsqu’il co-existe une circonstance aggravante reconnue par le code pénal ou bien si l’ITT fixée est strictement supérieure à huit jours. Elle pourra alors être punie par le tribunal correctionnel sous la forme d’une amende, dont le seuil maximal peut s’élever à 45000 €, et/ou d’une peine d’emprisonnement pouvant s’étendre jusqu’à trois ans.

La troisième infraction est le crime et ne fait pas intervenir la notion d’ITT dans sa qualification. C’est la cour d’assise qui est l’autorité compétente en matière de crime.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’existe dans le code pénal aucune définition de l’incapacité totale de travail.

L’ITT, en dépit de son nom, n’est ni totale ni limitée au travail.

Voici plusieurs définitions communes de l’ITT :

– l’incapacité pour une personne à se livrer normalement aux actes courants de la vie quotidienne.

– la période pendant laquelle une victime de violences volontaires ou involontaires n’est plus en capacité partielle ou totale de se livrer aux actes de la vie courante (manger, dormir, se laver, s’habiller, faire ses courses, se déplacer).

– l’incapacité totale ou partielle dans la sphère personnelle ou professionnelle.

L’ITT en plus des séquelles physiques de la victime prend de plus en plus en compte le retentissement psychologique des faits. C’est le médecin qui à l’issue de l’examen clinique, définira le nombre de jours d’ITT à travers un certificat médical dit « de coups et blessures ».

Psycho-traumatisme

L’amnésie partielle ou totale évoquée par les victimes de violences sexuelles, dans le cadre de substances psychoactives associées, est le principal symptôme retrouvé. Il semble important d’expliquer la différence entre une amnésie entraînée par l’influence d’une substance psychoactive et une amnésie traumatique (amnésie dissociative) secondaire à un état de stress dépassé.

Lors de l’événement traumatique (incendie, accident de la voie publique, violences physiques, violences sexuelles …), la victime peut, via le déclenchement d’un procédé neurobiologique en réponse au danger identifié, entrer dans un état dit de stress dépassé. Celui-ci apparaît lorsque le stress enduré pendant la situation est tellement intense que la réflexion ne suffit pas pour gérer émotionnellement la situation. Le stress dépassé est très souvent associé alors à un état dissociatif. Lors de ce vécu péri traumatique, la victime peut se voir oublier une partie de l’événement ; c’est l’amnésie traumatique.
Ce stress dépassé aura des conséquences à court-moyen voir parfois long terme comme : l’évitement (qu’il soit cognitif ou comportemental), des troubles de cognition et de l’humeur, le syndrome d’hyper activité neurovégétative (irritabilité, trouble de concentration, trouble du sommeil, hypervigilance). 
Compte tenu de la difficulté à anticiper avec certitude l’évolution psychologique des victimes, lors d’un examen médico-légal précoce après les faits, la mise en place d’une consultation programmée à distance pour ces victimes est pertinente.

Face à ces troubles chroniques et en abscence de conscience des violences subies (lié à l’amnésie partielle voir quasi totale des faits), certaines victimes multiplient les consultations médicales à la recherche d’un diagnostic toujours insatisfaisant.

Il est difficile de distinguer précocement si l’état psychologique de la victime est imputable à un stress aigu, stress dépassé ou à la consommation de substances psychoactives.
En effet, les premières heures suivant le méfait, la victime peut présenter différents états psychologiques, allant de l’hyperexcitation avec agressivité à une sidération mutique et amorphe. L’ensemble de ces états peut être la conséquence de substances comme l’alcool ou la MDMA, voire de leurs mélanges, mais également d’un état de stress aigu, voire de stress dépassé.

Certains symptômes physiques, tels que la dilatation des pupilles ou une salivation excessive, peuvent aider le médecin à identifier la présence éventuelle de substances psychoactives. Des tests moléculaires sur des prélèvements d’urine et de sang permettront également de dépister certaines substances. Enfin, le récit des événements permettra d’orienter le médecin (par exemple, contexte de rave party ou situation en pleine journée à la plage) quant à la présence ou non de substances psychoactives.

Point clé à retenir

Filles en train de boire de l'alcool pendant une soiréeMéfiez-vous de l’alcool. C’est la substance psychoactive la plus fréquemment impliquée dans les cas de vulnérabilité chimique. L’alcool est également présent dans la quasi-totalité des situations de soumission chimique, que ce soit seul ou en combinaison avec d’autres substances.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

Conduite à tenir en cas d’agression avérée ou suspectée

Vous devez contacter immédiatement les services compétents qui vous guideront :

  • Police – 17
  • Numéro d’urgence européen – 112
  • Numéro d’urgence pour les violences intrafamiliales et personnes sourdes ou malentendantes – 114 (par SMS)
  • Samu – 15
  • Enfance en Danger – 119

Il vous faudra également :

  • Conservez le vecteur ou les vecteurs suspectés (boisson, nourriture…)
  • Conservez l’agent de soumission chimique suspecté (produit ou médicament)
  • Préservez vos cheveux : ne pas les couper, les teindre, les décolorer ou leur appliquer un traitement agressif.

Pour plus d’information, vous pouvez contacter le centre d’Addictovigilance de Paris au 01 40 05 42 70 du lundi au vendredi de 09h à 18h.

Passer l’urgence, sachez que des dispositifs d’écoute anonymes et gratuits existent :

France Victime : 116 006 (7j/7 ; 24h/24)

Violences Femmes Info : 3919 (7j/7 ; 24h/24)

Dispositif Drogues Info Service : 0 800 23 13 13 (7j/7 ; 08h-02h)

Deux sites peuvent également vous aider :
https://mendorspas.org/
https://lecrafs.com/

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Chaque année, on recense de nombreux cas d’ingestions de piles bouton par de très jeunes enfants (le plus souvent avant 6 ans), dont les conséquences peuvent être sévères et parfois même mortelles.

Pile bouton, ingestion, Soins Rando Survie

Les piles boutons, en anglais « button cell », sont de petites piles électriques de forme cylindriques et de dimensions semblables à un bouton (d’où leur appellation). Les piles plates, en anglais « coin cell », sont d’apparence similaire aux piles boutons. La différence réside dans le fait qu’elles sont composées, entre autres, de lithium. Pour des raisons de simplification, nous emploierons ici le terme « pile bouton » (PB) pour désigner ces deux types de pile.

Les PB délivrent un courant faible sur une durée prolongée. Elles sont présentes dans de nombreux objets du quotidien (montres, télécommandes, jouets électroniques, LIVRES SONORES POUR ENFANTS, etc.…), et leur nombre est en constante augmentation ces dernières années du fait de la multiplication des objets électroniques au sein des foyers. Il y a en conséquence un nombre important de cas d’ingestion de PB par des jeunes enfants. On observe également une hausse du nombre de cas symptomatiques et des cas graves en lien avec le développement des PB au lithium, de plus gros diamètre et de plus grand voltage.

Les PB ont un diamètre variable allant de 5 à 30mm. Leur épaisseur varie quant à elle de 1 à 6mm.
Elles peuvent générer une tension variable de 1,5 à 3 Volts.
Les PB au lithium sont à distinguer des autres piles car ce sont elles qui présentent les diamètres les plus grands (de 16 à 30 mm) mais également les plus hauts voltages (3V soit le double de la plupart des autres PB). Elles sont les plus dangereuses en cas d’ingestion et nous en expliquerons les raisons plus loin.

En cas d’ingestion d’une PB par un jeune enfant, les risques sont multiples.

Il existe tout d’abord un risque respiratoire d’étouffement lié à une obstruction mécanique des voies aériennes, la pile se bloquant dans la trachée. La trachée est le tuyau qui prolonge la gorge jusqu’aux poumons et dans lequel circule l’air. Ce blocage mécanique de la trachée ce manifeste, et ce quelle que soit la cause de l’obstruction, par ce que l’on appel en médecine : le syndrome de pénétration.Dessin anatomique thorax, soins rando survie
Celui-ci peut être plus ou moins marqué, dans sa forme extrême il correspond à une suffocation avec une rougeur ou cyanose de la face. Il s’agit d’un accident brutal le plus souvent marqué par des efforts de toux, c’est la situation caricaturale d’avaler de l’eau « de travers ».

Ce risque respiratoire n’est pas exclusive aux PB mais concerne tout ce qui peut s’avaler et se coincer dans la trachée, nous n’aborderons donc pas davantage ce risque ici.

Sur le schéma, en bleue le système respiratoire (nez, gorge, trachée, poumons), en rouge le système digestif (bouche, gorge, œsophage, estomac). Les deux système se « croisent » au niveau de la gorge, on parle du carrefour aéro-digestif.

En cas de passage de la PB par les voies digestives, il existe un risque d’enclavement de celle-ci dans l’œsophage. L’œsophage étant le second tuyau prolongeant la gorge et conduisant ici à l’estomac. C’est par l’œsophage que passe l’ensemble de ce que nous avalons (et également le vomis en sens inverse).
La PB n’étant pas un objet inerte (via son potentiel électrique), cet enclavement peut entraîner des lésions pouvant aller de l’ulcération, de l’érosion de la paroi œsophagienne à une destruction tissulaire profonde correspond à une perforation complète de ce même œsophage. Il s’agit d’un risque de complications graves voire létales. De plus, une fois l’œsophage troué, la PB se retrouve au contact d’autres organes comme certaines grosses artères et la trachée. La PB via son courant électrique pourra de la même manière détruire ces structures vitales.

Les lésions apparaissent très rapidement après l’ingestion, dès les premières heures. Certaines caractéristiques de la PB, dont sa taille, influencent le risque d’enclavement œsophagien. Son voltage, et son caractère usagé ou non impactent sur la sévérité des lésions observées. L’âge et la taille de l’enfant sont également à prendre en compte.

Prévalence

Les cas d’ingestion supposée ou avérée de PB par des jeunes enfants ne sont pas rares. Ils sont le plus souvent accidentels par défaut de perception du risque.
La tranche de population la plus touchée est celle des enfants âgés de 1 à 4 ans.
Les enfants de cette classe d’âge sont les plus touchés en toxicologie générale.

L’étude française « Pilboutox» réalisée sur la période du 1 er juin 2016 au 31 mai 2018, recense 465 cas d’ingestion de PB rapportés par l’ensemble des centres anti-poisons français. Parmi ces cas, 375 enfants étaient âgés de moins de 6 ans (74 %), 451 de moins de 12 ans (89 %).
Sur ces 465 cas d’ingestion, il y a eu avec prise en charge médicale, 13 cas graves et 4 décès (principalement des enfants de moins de 3 ans).

On observe une tendance à la hausse du nombre de cas d’ingestion de PB recensés par les centre anti-poisons français entre le 1er juin 2016 et le 31 mai 2019. En effet, l’effectif a presque doublé entre la première tranche de 6 mois (95 cas), et la dernière (172 cas).
Il existe en effet une augmentation du nombre de cas depuis les années 1980, à mettre en parallèle avec l’augmentation importante de l’utilisation des PB pour le fonctionnement des objets du quotidien, y compris les jouets.

Conséquences liées à l’ingestion des PB

radiographie de face thorax, pile bouton, ingestionL’enclavement œsophagien et ses complications :

L’enclavement œsophagien est responsable d’une grande part des lésions et de la gravité des PB.

Il correspond au blocage de la PB qui s’impacte dans la muqueuse œsophagienne au lieu de descendre vers l’estomac. Il en résulte un contact prolongé entre la PB et la muqueuse œsophagienne qui subit des lésions tissulaires de profondeur et de gravité variables par plusieurs mécanismes détaillés ci-dessous.

  • Mécanique : une compression locale des petites artères et veines de l’œsophage, avec risque de nécrose ;
  • Électrique : brûlure due à l’induction d’un courant électrique de bas voltage entre la muqueuse (œsophagienne ou intestinale) et la pile encore chargée ;
  • Corrosif : Le contact du pôle négatif de la pile avec la muqueuse œsophagienne entraîne un phénomène d’électrolyse. Celui-ci entraîne la libération d’ions hydroxydes OH-, très alcalins, entraînant une brûlure chimique, pouvant aller jusqu’à la nécrose tissulaire.
    C’est ce mécanisme corrosif qui est le plus important dans la génération des dégâts suite à l’ingestion de PB.

En cas d’enclavement œsophagien d’une PB, la profondeur des lésions augmente avec le temps de contact : des lésions apparaitraient dans les 2 premières heures suivant l’ingestion, puis des perforations se formeraient dès 4 à 6h de contact.

Le risque de destruction de l’œsophage avec une possible perforation de ce dernier n’est  pas le seul risque qui existe.

La formation de fistule.
Définition d’une fistule : Une fistule correspond à une communication anormale d’une cavité à une autre.
Pour faire simple, une fistule correspond à un tuyau reliant deux organes ou structure ne devant pas être normalement relié ensemble.
Par exemple une fistule intestino-vésicale reliera l’intestin à la vessie ce qui conduira à voir apparaître des selles dans la vessie et de l’urine dans les intestins.

On imagine facilement la gravité quand la fistule touche une artère par exemple ou la trachée.
Une fistule se forme selon différents mécanismes mais le plus souvent cela fait suite à un traumatisme locale dont les causes peuvent être multiples (infections, tumeur, chirurgie, plaie directe, ingestion de pile bouton …). L’organisme en réparant la lésion conduira à une aberration qu’est la formation d’une fistule.

Dans le cas des PB, le risque de fistule oeso-aortique (entre l’œsophage et l’aorte (plus grosse artère du corps)) est plus important quand la pile est enclavée dans le tiers supérieur de l’œsophage. Ce type de complication gravissime survient toujours de façon retardée après un délai de quelques jours à plusieurs semaines.
2 des 4 décès enregistrés dans l’étude « Pilboutox» est dû à cette fistule causant une hémorragie massive.

La fistule oeso-trachéale reliant œsophage et trachée : Les symptômes faisant soupçonner une fistule oeso-trach

éale sont l’apparition d’une toux, de troubles de la déglutition ou de difficulté respiratoire. Là encore le délai d’apparition de ces symptôme est d’au moins plusieurs jours, le temps que le corps « crée » cette fistule.

Anatomie dessin médiastin, soins rando survie

La Médiastinite : C’est une complication infectieuse grave lié à la perforation de l’œsophage. En effet les bactéries du tube digestif dont ceux de la bouche vont venir infecter le médiastin via le trou formé dans l’œsophage. Le médiastin correspond à la partie du thorax entre les deux poumons et comprenant notamment le cœur.

Délais d’apparition des lésions et leur évolution

En cas d’enclavement œsophagien d’une PB, des lésions de la muqueuse œsophagienne peuvent apparaître dans les 2 premières heures suivant l’ingestion, puis des perforations peuvent se former dès 4 à 6h de contact.

Une fois les lésions œsophagiennes constituées, celles-ci évoluent pour leur propre compte même si la pile bouton a été retirée. La plupart des décès ont été décrits dans les 3 semaines après l’extraction. En effet, les brûlures alcalines continuent à progresser même après le retrait de la PB et un rinçage efficace, en raison de l’alcali résiduel (composé basique (hydroxyde) provenant des métaux alcalins comme le lithium).

Impact des caractéristiques techniques de la PB sur la gravité des lésions

Radiographie ingestion pile bouton, enfant, soins rando survieLes piles de plus gros diamètre restent plus facilement bloquées dans les zones de rétrécissement œsophagien. Les piles retrouvées en cas d’enclavement œsophagien ont un diamètre supérieur ou égal à 20 mm dans la majorité des cas. De même les PB de diamètre supérieur ou égal à 20 mm étaient responsables de la majorité des lésions œsophagiennes. Au contraire, les PB de taille inférieure à 15 mm sont plus rarement sources de lésions de nécrose œsophagienne.

Par ailleurs, le courant électrique délivré augmente avec le voltage de la pile. Il y a donc une production accrue d’ions hydroxyde.
De plus logiquement, on observe des lésions plus importantes dans les cas où la PB est chargée (neuve ou en état de marche) en comparaison aux cas où la PB est usagée.

Les études sont en faveur d’un risque de lésions plus sévères lors de l’ingestion d’une PB au lithium. Comme précédemment expliqué, elles sont généralement de plus grands diamètres, majorant le risque d’enclavement œsophagien et sont de voltages plus élevés pouvant expliquer qu’il existe un risque de lésions plus sévères en cas d’enclavement.

Pour résumer : La gravité des lésions œsophagiennes en cas d’enclavement d’une PB est probablement en rapport avec les éléments suivants :
• La durée d’impaction de la PB : les premières lésions de la muqueuse apparaitraient dès 1 à 2h de contact et des perforations dans les 6h ;
• Les caractéristiques techniques de la PB : diamètre supérieur à 15 mm, voltage de la pile ≥ 3 V et niveau de charge élevé (pile neuve) ;
• Le jeune âge du patient (en particulier moins de 5 ans), du fait des dimensions anatomiques plus petites qui augmentent le risque d’enclavement.

Attention au piège de l’enclavement œsophagien transitoire : Lorsqu’une PB est localisée sur la radiographie au niveau de l’estomac ou de l’intestin, ceci n’exclut pas de possibles lésions œsophagiennes. En effet, il existe des cas d’enclavement œsophagien transitoire de la PB. Le contact avec la muqueuse œsophagienne, même s’il est de courte durée, peut entrainer la survenue d’une lésion œsophagienne retardée. Il en va de même si la PB a été retrouvée dans les selles.

En pratique ce que vous devez faire

Il est absolument essentiel de confirmer la suspicion d’ingestion de la PB. La plupart du temps, l’ingestion de la PB par l’enfant est une suspicion, car l’enfant n’a pas vraiment été vu en train d’ingérer la pile. Il convient donc, avant toute chose, de faire préciser les circonstances exactes qui amènent à cette suspicion. Un interrogatoire poussé permet parfois de se rendre compte qu’il est tout bonnement impossible que l’enfant ait ingéré la PB. En revanche, lorsque le doute persiste, l’enfant doit absolument être pris en charge comme si l’ingestion était certaine.

Notamment vous devez faire attention, à la survenue de symptômes respiratoires transitoires. En effet, l’enfant peut avoir toussé, ou même présenté un authentique syndrome de pénétration (accès de suffocation avec cyanose, et toux rauque), puis les voies aériennes se sont libérées grâce aux efforts de toux et l’enfant a ingéré la PB. Ces signes respiratoires spontanément résolutifs sont en fait un argument pour étayer la suspicion d’ingestion de la PB.

Outre les manifestations respiratoires, vous devez rechercher un syndrome œsophagien.
Celui-ci correspond à un ensemble de symptômes digestifs précoces, évocateurs de l’enclavement œsophagien de la PB. Les symptômes retrouvés sont : une dysphagie (= trouble de la déglutition), un refus alimentaire, des pleurs inexpliqués, une impossibilité à déglutir, des vomissements spontanés, et/ou une hyper-salivation.
Lorsque ces signes sont présents, ces derniers doivent motiver une prise en charge en urgence compte tenu des éléments explicités ci-avant sur les complications de l’enclavement œsophagien.

Si vous avez constaté un syndrome de pénétration même transitoire et que l’enfant va bien quelques secondes après, vous devez appeler immédiatement le 15.
Si vous avez constaté des symptômes en faveur d’un syndrome œsophagien, vous devez appeler immédiatement le 15.
Et même de manière plus générale, si vous avez le moindre doute sur la possible ingestion de PB par un enfant, vous devez appeler le 15. Je vous garantis et certifie que nombre de personnes appellent malheureusement le 15 pour beaucoup moins que ça !

NE DONNEZ NI À BOIRE NI À MANGER ET N’ESSAYEZ PAS DE PROVOQUER DES VOMISSEMENTS.
Le risque est d’aggraver l’occlusion œsophagienne, mais surtout que ce que vous donneriez à boire ou manger passe dans la trachée et bloque celle-ci, empêchant la respiration.

La prise en charge médicale aux urgences :

Il s’agira de confirmer dans un premier temps la présence de la PB par une radiographie puis le plus rapidement possible d’amener l’enfant au bloc opératoire pour l’endormir avant d’extraire la PB via un câble munis d’une pince et d’une caméra : fibroscopie oeso-gastro-duodénale ou FOGD.
Il s’agit d’une extrême urgence.

Les PB, un problème de santé publique

Les ingestions de PB sont devenues un problème de santé publique ces dernières années, en raison de leur fréquence et aussi leur gravité potentielle. De ce fait, les autorités essaient de sensibiliser le grand public. Par exemple, un communiqué de presse de prévention a été publié par le Ministère des Solidarités et de la Santé en 2018.

De même pour l’ANSES (Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) en Février 2019 qui vise à alerter la population générale, les professionnels de santé et les professionnels de la petite enfance sur les risques d’ingestion de PB. Il préconise aussi d’agir en amont auprès des industriels afin d’obtenir un renforcement de la sécurisation de leurs produits et emballages, ainsi que de l’information des consommateurs.

A noter qu’il n’y a pas d’obligation légale en Europe de protéger le compartiment à PB des objets par un système vissé lorsqu’il ne s’agit pas de jouets pour enfants. Les PB étant présentes dans de nombreux objets du quotidien, elles sont souvent laissées à portée des enfants, qui peuvent accéder à la pile lors de la chute accidentelle de l’objet par exemple.
Dans cette circonstance, pensez à répertorier l’ensemble de vos objets utilisant des PB, à les éloigner de vos enfants et également à sceller (avec du scotch) par exemple le compartiment de la PB.

L’étude réalisée par les urgences ORL pédiatriques d’Île-de-France en 2018 montrait que 15% des PB ingérées provenaient d’un paquet de piles neuves ouvert. L’autre source la plus fréquemment retrouvée était les télécommandes (majoritairement de « box » internet ou de télévision), sans compartiment pile vissé puis les jouets/livres pour enfants.

Conclusion

Les cas d’ingestion de PB par de jeunes enfants ne sont pas rares et le nombre de cas symptomatiques augmente chaque année. Les complications peuvent être graves voir létales. La précocité d’apparition des lésions en cas d’enclavement œsophagien d’une PB justifie une prise en charge médicale rapide en cas de suspicion d’ingestion par un enfant.

Des clichés radiographiques doivent être réalisés afin de localiser la PB et ainsi diagnostiquer un éventuel enclavement œsophagien de celle-ci. Dans cette situation, la PB doit être extraite en extrême urgence afin de limiter la survenue de complications.

Les mesures de prévention sont à renforcer auprès du grand public et en particulier auprès des parents de jeunes enfants, en les informant de la dangerosité d’une PB lorsqu’elle est ingérée (avec la mise en place de conseils pratiques pour prévenir l’ingestion) et de la nécessité d’appeler le CAP ou le 15 en cas d’ingestion avérée ou suspectée.

Enfin, les dernières mesures concernent les fabricants de PB et ceux qui commercialisent des objets fonctionnant avec des PB. Les appareils électroniques fonctionnant avec une PB devraient être sécurisés par un compartiment pile vissé, empêchant ainsi la pile de tomber en cas de choc.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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Que vous soyez adepte des promenades en forêt, des marathons ou des défis d’ultra-trail, vos pieds sont sans doute les membres les plus sollicités. Pourtant, ce sont souvent les grands oubliés dans les préparatifs d’une randonnée ou d’une course.
Plus de 50 % des abandons lors de trails sont dus à des douleurs ou blessures aux pieds : ampoules, hématomes, ongles incarnés, etc.
Dans cet article, nous allons découvrir ensemble ce que sont vos pieds et comment en prendre soin, dont l’importance de consulter un podologue.

I / Le pied
Le pied est un organe exceptionnel à la fois mécanique, sensitif et sensoriel. Son caractère viscoélastique et son architecture à géométrie variable et rigidifiable lui permettent de contrôler la transmission des forces et des mouvements de façon précise, coordonnée et synchronisée. Il est le trait d’union entre le sol et le reste du corps ; en conséquence, il va supporter à la fois les chocs itératifs sur le sol et également tout le poids du corps.
Plus d’1/4 des os de notre squelette est localisé aux pieds, soit 56 os sur les 208 que possède le corps humain. Nos pieds sont dotés de 32 articulations, d’une centaine de ligaments et de 28 muscles. L’aponévrose plantaire complète ces composants pour former une voûte, qui offre au pied sa grande élasticité.
La marche multiplie l’impact du poids du corps sur les pieds par 2, la course multiplie cet impact par 5 et le saut par 10.
La biomécanique du pied est un mécanisme complexe. On se contentera ici de revoir les principales théories classiques, statiques et dynamiques concernant le pied.

Représentation schématique des os du pied.Pied statique
En station debout, le pied normal possède une structure solide et stable, apte à l’équilibration. Il repose sur une grande surface osseuse, reflétée par l’assise plantaire. La force du poids du corps est exercée sur l’articulation de la cheville ; ensuite, ce poids se répartit entre les 3 points d’appui (calcanéum (= talon), tête du 1er méta et tête du 5ème méta). C’est la conception classique d’appui en 3 : le support tripode de Farabeuf avec arche antérieure.

Pied dynamique
L’exploration du pied en dynamique est encore incomplète et plusieurs théories tentent de l’expliquer. Pour la plupart des individus, l’appui plantaire suit trois phases successives. Au départ, c’est l’attaque du sol par le talon postérieur (temps taligrade), suivi d’un appui sur le talon postérieur et antérieur, plus le bord latéral du pied (temps plantigrade) ; puis le pas se termine par un appui sur le talon antérieur seul, avec libération progressive de l’appui sur les têtes métatarsiennes de dehors en dedans (temps digitigrade).

Représentation schématique des points d'appuis du pied lors de la marche

II /Les pathologies du pied
Elles sont bien évidemment nombreuses et diverses. Certaines causent des douleurs et d’autres non, comme le cas caricatural du pied diabétique où il s’agit d’une perte de sensibilité du pied avec la formation d’une plaie chronique.
Dans les deux cas, des pieds fragilisés sont responsables de chutes, ce qui est particulièrement préoccupant chez les patients âgés.

Les pieds restent même en 2024, le mode de transport le plus utilisé dans le monde ; il est donc particulièrement important de s’en occuper, alors même que, selon un article paru dans la revue Le médecin du Québec intitulé « Pour partir du bon pied, examen systématique du pied », les auteurs considèrent que le pied est l’une des parties du corps souvent négligées par le patient et le médecin.

L’objectif ici n’est pas de faire une liste exhaustive des pathologies du pied, mais d’en citer les plus fréquentes.

  • Frottements et ampoules : souvent liés à des chaussures inadaptées ou mal ajustées (voir notre article ici sur la prise en charge des ampoules).
  • Épine calcanéenne : inflammation de l’aponévrose plantaire à son insertion sur le talon (explication en suivant).
  • Névrome de Morton : douleur entre les orteils due à l’épaississement d’un nerf.
  • Fasciite plantaire : inflammation de l’aponévrose plantaire (si l’inflammation se situe à sa zone d’insertion au niveau du talon, on parle d’épine calcanéenne). L’aponévrose plantaire est une structure fibreuse rigide sous le pied permettant de répartir les pressions. Représentation schématique de l'aponévrose plantaire
  • Tendinite d’Achille : inflammation du tendon d’Achille, souvent due à un surmenage.
  • Hallux valgus (oignon) : déformation du gros orteil, entraînant douleurs et frottements articulaires.
  • Métatarsalgie : douleur sous l’avant-pied, souvent liée à une surcharge pondérale (voir schéma).Représentation schématique dans différents plans de l'espace du pied
  • Fractures de fatigue : fissures osseuses incomplètes dues à des efforts répétitifs intenses, pouvant concerner l’ensemble des os du pied.
  • Pieds plats ou pieds creux : déséquilibres de la voûte plantaire causant fatigue et douleur.
  • Arthrose du pied : usure des articulations pouvant toucher l’ensemble du pied.
  • Onychocryptose (ongle incarné) : pénétration de l’ongle dans la peau environnante.
  • Sésamoïdite : inflammation des petits os sous le gros orteil.
  • Tendinopathies : inflammation des tendons du pied en cas de surutilisation.
  • Instabilité de la cheville : entraîne des douleurs au pied par manque de soutien. Instabilité pouvant être due à des entorses à répétition ou à un défaut de musculature.
  • Hyperhidrose (transpiration excessive) : provoque macération et fragilité de la peau, menant à des douleurs.

Une différenciation est fréquemment faite pour ces causes de douleurs selon leur localisation. On parle notamment des douleurs de l’avant-pied avec :
– Névrome de Morton
– Métatarsalgies
– Sésamoïdite
– Hallux valgus

Nous nous attarderons à présent sur l’épine calcanéenne, car particulièrement fréquente, ainsi que sur le névrome de Morton et l’hyperhidrose.

Epine calcanéenne

Epine calcanéenne représentation dessinée

Souvent appelée « épine calcanéenne », cette douleur au talon provient généralement d’une inflammation liée aux tendons ou à l’aponévrose plantaire, cette membrane rigide située sous le pied, qui s’attache sur l’os du talon, le calcanéus. En temps normal, ces structures agissent comme un amortisseur lors de la marche, permettant au pied d’absorber les impacts au sol, de stocker l’énergie, puis de la libérer pour propulser le pied vers l’avant. Toutefois, les sollicitations répétées, surtout en trail, randonnée ou course longue distance, peuvent entraîner une surcharge. Résultat : les tendons et l’aponévrose deviennent inflammatoires et causent des douleurs dans la région du talon.

Radiographie épine calcanéenneL’« épine » elle-même, visible sur les radios, est une sorte de cicatrisation osseuse qui se forme à la suite de cette inflammation chronique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas cette excroissance osseuse qui provoque la douleur, mais bien la tension exercée par les tendons et la membrane aponévrotique.

Comment la soulager ?

Si vous êtes randonneur, coureur, ou adepte de trails, et que vous ressentez une douleur au talon après une longue marche ou une station debout prolongée, ou même au réveil en posant le pied au sol, il se pourrait que vous soyez concerné par une épine calcanéenne. Il est conseillé de consulter sans trop tarder pour éviter que l’inflammation ne devienne chronique.

En règle générale, un simple examen clinique chez un médecin ou un podologue suffit pour confirmer le diagnostic, et des examens d’imagerie (comme l’échographie ou l’IRM) sont rarement nécessaires, sauf si une rupture tendineuse est suspectée.

Conseils pour vous soulager d’une épine calcanéenne et préserver vos pieds :

  1. Réduisez les activités à fort impact : Limitez les exercices sollicitant intensément les muscles du pied et l’aponévrose plantaire, comme les sauts, les escaliers ou les marches prolongées. En course à pied, alternez avec des sessions de faible intensité et veillez à ne pas dépasser vos limites.
  2. Choisissez des chaussures adaptées : Pour les randonneurs et coureurs, privilégiez des chaussures qui offrent un bon maintien du pied et un amorti adéquat, ni trop plats, ni trop hauts. Une chaussure adaptée à la morphologie de votre pied peut prévenir de nombreuses pathologies. Le port d’une chaussure avec un petit talon de 2 ou 3 cm peut vous aider.
  3. Le froid : Comme dans toute inflammation, le froid sera votre allié. Pensez à faire régulièrement des séances de bain de pied dans de l’eau froide, en effet ceci diminuera l’inflammation et donc la formation de cette « épine » calcanéenne.

Ces précautions permettent de minimiser l’inconfort et de prévenir les tensions sur les pieds, essentiels à la performance des sportifs de longue distance.

Les autres traitements.

Divers traitements peuvent être envisagés selon la gravité de la douleur et l’intensité de l’inflammation :

  1. Orthèse plantaire: La consultation avec un podologue et la mise en place d’orthèses plantaires (de semelles) est un traitement de choix dans l’épine calcanéenne. En effet, cette semelle aura pour but de diminuer la tension exercé lors de la marche sur cette zone de fragilité, réduisant ainsi l’inflammation et donc la douleur.
  2. Kinésithérapie et ondes de choc radiales : La kinésithérapie est souvent recommandée pour renforcer les muscles du pied et améliorer la souplesse de l’aponévrose plantaire. Dans certains cas, des ondes de choc radiales, visant à stimuler la circulation sanguine et à favoriser la guérison des tissus endommagés, peuvent être proposées en complément. Cette approche n’a pas formellement démontrer son efficacité.
  3. Traitements médicamenteux : Bien que les anti-inflammatoires puissent apporter un soulagement temporaire de la douleur, ils ne sont généralement pas prescrits en première intention, car ils ne traitent pas la cause profonde de l’inflammation. En cas d’échec des autres thérapies, une infiltration de corticoïdes peut être envisagée, mais seulement en dernier recours, car elle comporte des risques d’effets secondaires et de fragilisation des tissus.
  4. Chirurgie : L’intervention chirurgicale pour une épine calcanéenne est très rare et n’est envisagée que dans les cas chroniques et sévères, lorsque toutes les autres solutions ont échoué. Elle consiste à libérer les structures tendineuses du talon pour réduire la tension, mais cette option reste réservée aux situations où la douleur limite considérablement les activités quotidiennes ou sportives.

LE meilleur traitement de l’épine calcanéenne reste d’éviter son apparition.

Le névrome de Morton

Nevrome de Morton représentation

Le névrome de Morton est une affection douloureuse localisée au niveau de l’avant-pied, plus précisément entre les os des 3e et 4e orteils. En réalité, il s’agit d’une irritation ou d’un épaississement du tissu autour d’un nerf situé entre ces métatarses, causant souvent une douleur intense semblable à une décharge électrique. Ce phénomène résulte principalement de frottements répétés et d’une compression du nerf interdigital, généralement due à des chaussures serrées ou à un impact important lors de la marche, de la randonnée, du trail ou de la course à pied. Les chaussures à bout étroit et les surfaces irrégulières ou dures aggravent la condition en augmentant la pression exercée sur l’avant-pied.

Symptômes du névrome de Morton.

Les symptômes du névrome de Morton peuvent se manifester de manière progressive. La sensation typique est une douleur lancinante ou brûlante dans l’avant-pied, souvent accompagnée d’engourdissements dans les orteils adjacents. Les randonneurs ou coureurs peuvent également ressentir une sensation de « caillou dans la chaussure » ou une gêne accrue lorsqu’ils posent le pied, en particulier après de longues périodes de marche ou de course. Parfois, la douleur peut être si intense qu’elle oblige à s’arrêter ou à retirer ses chaussures pour soulager temporairement la pression.

Traitements du névrome de Morton.

Le traitement du névrome de Morton dépend de la gravité des symptômes et des besoins individuels du patient, qu’il s’agisse d’un coureur de marathon ou d’un amateur de randonnées.

  • Choix de chaussures adaptées : Évitez les chaussures à bout étroit et privilégiez celles qui offrent un espace suffisant pour les orteils. Les semelles amortissantes ou les orthèses peuvent aussi réduire la pression sur l’avant-pied.
  • Podologie et orthèses : Consulter un podologue peut être crucial pour obtenir des orthèses sur mesure, qui contribuent à répartir la charge sur l’avant-pied et à minimiser les frottements entre les métatarses. Ces semelles spécialisées peuvent soulager la pression sur le nerf impliqué et atténuer les douleurs, ce qui est particulièrement utile pour les pratiquants de sports d’endurance.
  • Kinésithérapie et étirements : Des séances de kinésithérapie peuvent être proposées pour relâcher les tensions au niveau de l’avant-pied et pour étirer les muscles de cette zone, réduisant ainsi les risques de pression excessive sur le nerf.
  • Traitements médicaux et infiltrations : Si les traitements conservateurs ne sont pas efficaces, des infiltrations de corticoïdes peuvent être proposées pour réduire l’inflammation et calmer les douleurs. Toutefois, ces options sont envisagées avec précaution, et toujours en dernier recours pour éviter les effets secondaires.
  • Chirurgie : Dans les cas les plus graves et lorsque toutes les autres options sont épuisées, une intervention chirurgicale visant à retirer le névrome peut être envisagée. Cette procédure reste rare, mais elle est parfois nécessaire pour les sportifs dont l’activité est fortement impactée par la douleur chronique du névrome de Morton.

L'hyperhidrose ou excès de transpiration

Concernant l’hyperhidrose ou excès de transpiration : elle entraîne la macération de la peau, un facteur de fragilisation. Pour la prévenir, utilisez des poudres anti-transpirantes le matin et appliquez des crèmes le soir. Le chlorhydrate d’aluminium est la substance anti-transpirante la plus connue.
La poudre va se comporter comme du talc et absorber l’humidité, tandis que l’application de crème nécessite une aération du pied pour être bien absorbée, d’où l’intérêt de l’appliquer la nuit au coucher, quand les pieds sont nus.

Le podologue

Le podologue est le spécialiste paramédical des pieds ; il est une ressource incontournable pour la santé de vos pieds.
Pour les cas les plus complexes, un médecin orthopédique sera nécessaire, mais pour la grande majorité des cas, le podologue saura vous prendre en charge.
Vous n’avez pas besoin d’ordonnance pour le consulter, et les délais de prise en charge sont la plupart du temps acceptables.
Le seul inconvénient, et non des moindres, est le coût, notamment des semelles orthopédiques, souvent supérieures à la centaine d’euros et très peu remboursées, à l’instar des soins dentaires.

Le podologue posera un diagnostic sur l’origine de vos douleurs ou de votre instabilité, vous proposera des exercices thérapeutiques à mettre en place, et si nécessaire réalisera des semelles orthopédiques.
Un suivi sera également assuré afin de suivre l’évolution de vos pieds.
De plus, il est d’un conseil précieux pour le choix de vos chaussures, de randonnée ou de course.
En effet, qui peut mieux vous conseiller que celui qui a analysé et compris l’architecture profonde de vos pieds ?
Dans le choix des chaussures, il est notamment recommandé de les choisir en fin de journée ; elles seront ainsi plus adaptées à l’anatomie de vos pieds après une journée de contraintes physiques.

En dehors du pied stricto sensu, l’ensemble du système d’équilibre de notre corps repose sur nos pieds. Il est donc souvent nécessaire de faire examiner ces derniers en cas de douleurs aux genoux, aux hanches ou au dos.
En effet, un mauvais positionnement de vos pieds peut se répercuter sur l’ensemble de la chaîne posturale du corps en y imposant des positions dites vicieuses pour maintenir l’équilibre global.
Les douleurs aux genoux sont bien souvent la conséquence d’un défaut de position des pieds. Dans le corps humain, il faut penser en système et non en partie isolée ; ici, il s’agit du système postural.

Les semelles orthopédiques

Photos de différentes semelles orthopédiquesLes semelles orthopédiques, également appelées orthèses plantaires, font désormais partie intégrante du traitement des pathologies du pied, de la cheville, du membre inférieur et du système postural dans sa globalité. Elles permettent de soigner des pathologies en plaçant le système podal dans une position plus physiologique, réduisant ainsi les différentes contraintes physiques et permettant au pied de remplir son rôle dans l’équilibration du corps.

Qu’est-ce qu’une orthèse plantaire ? L’orthèse plantaire (OP) est une structure d’assistance amovible, appliquée sous tout ou partie de la plante du pied et destinée à être placée dans une chaussure standard. Elle vise à rapprocher autant que possible le pied du sujet d’un fonctionnement statique et dynamique optimal.
Il existe de nombreux types d’orthèses plantaires (plantaire préfabriquée, plantaire spécifique, plantaire mixte, plantaire plane…).

Le rôle des orthèses plantaires est double : prévenir ou corriger les troubles de la statique, de l’équilibre, et de la posture. Pour cela, les orthèses repositionnent le pied dans une position optimale, avec toutes les conséquences positives sur les chaînes musculaires et l’harmonie du squelette (genou, hanche, dos).

Les situations les nécessitant ainsi que leurs effets sont vastes. Elles ont un impact sur la fonction d’équilibration, la marche, la course et la répartition des pressions. Elles sont prescrites pour des pathologies telles que la maladie de Parkinson, le diabète, l’arthrose, les rhumatismes articulaires, les neuropathies avec pertes sensitives, les neuropathies sensitivomotrices héréditaires (telle que Charcot-Marie-Tooth) ainsi que pour certains morphotypes de pied, comme les pieds plats et creux.

La Haute Autorité de Santé (HAS) a émis des recommandations en 2018 pour les situations cliniques où les orthèses plantaires sur mesure sont bénéfiques. En voici la liste :
→ Pied diabétique
→ Pronation excessive du pied +/- effondrement de l’arrière-pied
→ Aponévrosite plantaire chronique secondaire à une pathologie dégénérative chez les plus de 45 ans
→ Pathologies articulaires inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, arthrite juvénile idiopathique…)
→ Pied creux douloureux
→ Pied plat douloureux
→ Névrome de Morton
→ Anomalie statique du pied neurologique
→ Gonarthrose unicompartimentale avec déformation dans le plan frontal, réductible (gonarthrose = arthrose du genou)
→ Arthrose dégénérative d’origine traumatique du pied ou de la cheville
→ Pathologies neurologiques centrales et périphériques +/- dégénératives (myopathies, sclérose latérale amyotrophique, sclérose en plaques, poliomyélite…)
→ Hallux rigidus
→ Séquelles post-traumatiques
→ Pathologies dermatologiques inflammatoires ou non

On note dans cette liste l’arthrose dégénérative d’origine traumatique du pied ou de la cheville, fréquente chez les jeunes en bonne santé pratiquant la course à pied à haute intensité.

Concernant l’inégalité de longueur des membres inférieurs, les orthèses plantaires semblent intéressantes si l’asymétrie mesure moins de 2 centimètres.

Pour les enfants, la Haute Autorité de Santé recommande l’arthrite idiopathique juvénile et le pied plat douloureux comme situations cliniques où l’orthèse plantaire est utile pour cette catégorie d’âge.

Personnes âgées et prescription d’orthèses plantaires
Les orthèses plantaires sont recommandées pour maintenir ou améliorer les capacités fonctionnelles du patient âgé à la marche, en luttant contre les douleurs et les déformations du pied. Les orthèses moulées sont adaptées aux pathologies podologiques des personnes âgées, car elles sont bien tolérées et optimisent la répartition des pressions plantaires.

Conclusion

  • La santé de vos pieds est essentielle à votre santé en général, alors ne les oubliez pas.
  • De nombreuses affections peuvent les abîmer et ainsi générer des douleurs, de l’instabilité et un défaut de votre posture globale. Ce même défaut de posture impactera vos genoux, vos hanches et votre dos ou rachis.
  • Le meilleur traitement de l’épine calcanéenne est son anticipation.
  • Le névrome de Morton n’a plus de mystère pour vous.
  • Le podologue est un expert des pieds, il peut considérablement vous aider à en prendre soin, notamment via la confection d’orthèses plantaires.

Avant de penser à votre itinéraire, réfléchissez à vos pieds.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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Les slogans tout faits comme : « Pratiquer une activité physique est essentiel pour la santé » ou encore « chaque petit effort compte pour améliorer votre santé et prolonger votre vie » ne sont plus forcément pertinents de nos jours.

En 2024, après nous avoir incités à la malbouffe, aux médicaments parfois inutiles et à un mode de vie sédentaire, à l’opposé de l’utilisation normale du corps humain, les pouvoirs publics (et certains gros lobbies) nous expliquent qu’il est bien de bouger.
(Peut-être ont-ils trouvé plus d’argent à faire et de pouvoir à obtenir via le business du bien-être ?)

À moins de ne pas vouloir entendre, tout le monde sait aujourd’hui que faire du sport est important.
On va donc tenter d’expliquer comment en faire le moins possible, principalement pour ceux que cela embête, pour ceux qui n’aiment pas vraiment ça et pour ceux qui « n’ont pas le temps ». Le but étant de s’assurer un minimum de capital corporel.

Deux questions : quand faire du sport et à quelle intensité ?
On ne parlera pas du type de sport ni du type d’exercice à effectuer : bougez comme vous le voulez, c’est déjà bien.
Cependant, les sports en clubs, collectifs ou individuels, sont très intéressants et pratiques pour ceux qui n’ont pas envie.
Se motiver soi-même, c’est difficile, c’est plus facile quand un entraîneur le fait pour vous.
De plus, avoir un objectif comme gagner un match ou devenir un membre essentiel d’une équipe est stimulant et valorisant.
Ne négligez pas le versant social du sport, il est majeur.

En bref :

Quand faire du sport ?

Des études (voir bibliographie en bas de page) montrent que l’activité physique réalisée le soir est plus bénéfique pour la santé cardiovasculaire comparée à la matinée ou à l’après-midi.

À quelle intensité ?

L’activité intense, telle que le HIIT (High-Intensity Interval Training) ou le SIT (Sprint Interval Training), semble plus efficace pour la perte de poids et la réduction de la mortalité globale que l’activité physique modérée (à temps comparable, voir ci-dessous).

En détails :

Cet article s’appuie sur des études récentes dont les références sont listées en bas de page.

Avant de commencer, il est nécessaire de définir plusieurs termes :

  • Fréquence maximale théorique : correspond « théoriquement » à votre limite haute de battements cardiaques par minute. Elle se calcule très facilement par 220 – votre âge.
    Si vous avez 20 ans, au maximum de votre effort, votre cœur pourra battre à 200 pulsations par minute. Si vous en avez 40, votre fréquence cardiaque maximale sera de 180, etc.
  • Activité physique modérée : un exercice modéré correspond à une activité où votre respiration et votre rythme cardiaque s’accélèrent, mais où vous êtes toujours capable de tenir une conversation sans trop de difficulté.
    Exemples : marche rapide, vélo tranquille, jardinage, danse légère, natation à allure modérée.
    Fréquence cardiaque cible : environ 50-70 % de votre fréquence cardiaque maximale.
  • Exercice physique intense : un exercice intense est une activité qui demande un effort important, où parler devient difficile à cause de la respiration rapide.
    Exemples : course à pied rapide, HIIT, cyclisme rapide, natation intense, sports compétitifs (boxe, tennis).
    Fréquence cardiaque cible : environ 70-85 % de votre fréquence cardiaque maximale.
  • HIIT (High-Intensity Interval Training) : quel que soit l’exercice choisi, cela consiste en des cycles d’exercice de 4 minutes à intensité maximale, suivis de 3 minutes de récupération.
  • SIT (Sprint Interval Training) : 30 secondes d’effort maximal (sprint) suivies de 3 minutes de repos.
  • Ratio exercice physique modéré et exercice physique intense : de manière générale, il est admis que 1 minute d’exercice intense équivaut à environ 2 minutes d’exercice modéré.

Quand faire du sport ?

Plusieurs études récentes (1-2) se sont penchées sur la question du meilleur moment pour faire du sport, en particulier pour les personnes souffrant d’obésité. Une étude de 2024, publiée dans Diabetes Care, a révélé que les patients obèses qui pratiquaient une activité physique modérée à intense en soirée (entre 18h et minuit) avaient un risque de mortalité cardiovasculaire plus bas comparé à ceux qui faisaient du sport le matin ou l’après-midi.
L’une des hypothèses avancées est que la température corporelle est plus élevée en fin de journée, ce qui permet de mieux performer physiquement. De plus, pratiquer une activité physique après une journée de travail pourrait aussi aider à mieux gérer le stress accumulé, ce qui aurait un impact positif sur le cœur et la santé en général.

Une autre étude publiée dans Nat Rev Endocrinol (2019) (14) conclut que : « la majorité des études évaluant l’entraînement à haute intensité indiquent que les performances physiques sont améliorées l’après-midi et le soir par rapport au début de la matinée. Plusieurs facteurs peuvent influencer ce résultat, notamment la régulation neuromusculaire, la thermorégulation, le métabolisme hormonal, l’état nutritionnel et l’horloge moléculaire des muscles squelettiques. La manière exacte dont les performances physiques sont modifiées par l’heure de la journée et les résultats pour la santé reste floue. »

Enfin, un article intéressant (13) qui étudie la perte de masse musculaire (= sarcopénie) chez les personnes avec des horaires de travail décalés alerte sur ce phénomène.
La perturbation du rythme jour/nuit est un facteur critique qui conduit à la fonte musculaire, notamment chez ceux qui travaillent la nuit ou souffrent de troubles du sommeil.
Le système musculaire, via notamment les mitochondries (organites des cellules qui produisent de l’énergie), est grandement influencé par le rythme jour/nuit, ce qui pourrait expliquer une moins bonne musculation et forme physique chez ces individus.
Par conséquent, l’exercice physique, et plus particulièrement l’exercice programmé, pourrait être utile pour prévenir et traiter la sarcopénie liée à une perturbation du rythme circadien.

À quelle intensité faire du sport ?

Le deuxième facteur clé à prendre en compte est l’intensité de l’exercice. Faut-il privilégier les longues sessions modérées ou les séances courtes mais intenses ?
Une étude publiée dans le British Journal of Sports Medicine (4) montre que les exercices de haute intensité, tels que le HIIT et le SIT, sont particulièrement efficaces pour brûler les graisses et améliorer la condition physique générale.
Ces séances de courte durée permettent une perte de graisse plus importante que les exercices continus modérés (comme la marche ou le jogging).
Bien sûr, à durée comparable, 2 heures de marche sont plus bénéfiques que 30 secondes de sprint (voir ratio ci-dessus).

De plus, une autre étude du JAMA Internal Medicine (3) a montré que plus l’intensité de l’activité augmente, plus le risque de mortalité globale diminue. Cela signifie qu’incorporer de l’exercice intense dans votre routine sportive pourrait avoir des bénéfices non négligeables sur votre santé.

Cependant, il est important de noter que si vous êtes âgé ou que vous avez des problèmes de santé, un exercice modéré peut être suffisant pour bénéficier d’améliorations significatives.
Par exemple, une étude du BMJ (5) a montré que chez les personnes âgées ( > 70 ans), les bénéfices des exercices de haute intensité ne sont pas significativement meilleurs que ceux des exercices modérés.

Donc en conclusion, plus l’effort physique sera intense, plus grands seront les bénéfices pour votre santé. De plus, cela a l’avantage d’y consacrer moins de temps et d’avoir le sentiment de dépasser ses capacités séance après séance. Les HIIT et SIT sont de bons moyens pour démarrer ou redémarrer le sport.
Cependant, attention si vous n’avez pas fait de sport depuis longtemps, commencez par des exercices modérés voire très modérés. PAS D’INTENSITÉ SI PAS DE SPORT DEPUIS LONGTEMPS. Ne demandez pas à un cœur oisif depuis des mois voire des années de gravir l’Everest à la seconde. De même pour vos articulations.

Quelques petits articles en vrac :

Les fameux 10 000 pas par jour. (6)

Une étude du JAMA Internal Medicine (2019) a étudié le bénéfice de la marche chez des patientes d’environ 70 ans. Ainsi, les patientes marchant plus de 4500 pas par jour avaient une mortalité moindre que celles en faisant moins de 2700. Cependant, on voit un bénéfice croissant sur la mortalité jusqu’à 6000 pas environ, mais pas davantage.

Comment motiver ses proches à faire du sport. (7)
Pour commencer, évoquer des objectifs positifs en termes de santé (se sentir mieux, limiter les médicaments…) ou encore les interactions sociales avec des participants de même niveau sportif (plutôt qu’en salle de sport). Les personnes semblent surtout préférer qu’on leur parle de bénéfices concrets à court terme (diminuer les douleurs, réduire le risque de chutes) plutôt que d’objectifs « pour le futur » (comme améliorer l’espérance de vie).

Faire du YOGA. (8)
Pour baisser son risque cardiovasculaire, si on n’aime pas le « sport », on peut toujours faire du yoga ! Sans différence avec le sport « plus classique », le yoga permet de baisser la tension artérielle, le cholestérol et le poids.

Même peu de sport, c’est bien. (9)
Une étude danoise a suivi 50 000 patients de 50 à 65 ans pour un suivi de 850 000 personnes-années. Les auteurs retrouvent une baisse du risque de coronaropathie dès la pratique régulière de cyclisme (même moins d’une heure par semaine). Faire du vélo régulièrement, même si c’est peu, diminue le risque cardiovasculaire de près de 11 % à 18 % (ce qui correspond à 77 personnes par an qui ne feront pas d’infarctus du myocarde vs sans sport).

Sport et cancers. (10)
JAMA Internal Medicine a publié une étude retrouvant que faire du sport sur son temps libre diminue le risque de nombreux cancers (œsophage, estomac, foie, poumon, rein, endomètre, leucémie, myélome, côlon, vessie et sein). Cette étude est tirée d’un regroupement d’études de cohortes américaines et européennes.

Amélioration du sommeil. (11)
L’activité physique améliore également la qualité du sommeil. Une méta-analyse (le plus haut niveau d’étude) a montré que les personnes pratiquant une activité physique régulière dormaient mieux et se sentaient plus reposées. L’exercice, qu’il soit intense ou modéré, peut être un bon remède contre l’insomnie et favoriser un sommeil de meilleure qualité.

Réduction du stress et amélioration du bien-être mental via le cortisol. (12)
Enfin, via la régulation du cortisol que permet le sport, ce dernier permet de réduire les niveaux de stress et d’anxiété, de contribuer à améliorer l’humeur et également d’améliorer la concentration et la mémoire.

Conclusion

– Quand faut-il faire du sport : Préférentiellement le soir.
– Attention aux personnes avec des rythmes de travail décalés.
– Quelle intensité : Si possible, avec des exercices intenses, plutôt que longs et modérés.
– Mettez-vous en jambes doucement avant de passer à des sessions intenses.
– Démarrez les exercices intenses via les HIIT et SIT.
– Même un peu de sport, c’est bien.
– C’est dur de faire du sport tout seul, un club ou une association, c’est génial.
– Ne faites pas du sport sans comprendre pourquoi, faites du sport car notre corps est fait pour ça.

« Le sport est une bataille entre l’esprit et le corps. La volonté gagne toujours. » – Bruce Lee

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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Bibliographie

(1) Angelo Sabag, Matthew N. Ahmadi, Monique E. Francois, Svetlana Postnova, Peter A. Cistulli, Luigi Fontana, Emmanuel Stamatakis; Timing of Moderate to Vigorous Physical Activity, Mortality, Cardiovascular Disease, and Microvascular Disease in Adults With Obesity. Diabetes Care19 April 2024; 47 (5): 890–897

(2) Haupt S, Eckstein ML, Wolf A, Zimmer RT, Wachsmuth NB, Moser O. Eat, Train, Sleep-Retreat? Hormonal Interactions of Intermittent Fasting, Exercise and Circadian Rhythm. Biomolecules. 2021 Mar 30;11(4):516.

(3) Wang Y, Nie J, Ferrari G, Rey-Lopez JP, Rezende LFM. Association of Physical Activity Intensity With Mortality: A National Cohort Study of 403 681 US Adults. JAMA Intern Med. 2021;181(2):203–211.

(4) Viana RB, Naves JPA, Coswig VS, et al. Is interval training the magic bullet for fat loss? A systematic review and meta-analysis comparing moderate-intensity continuous training with high-intensity interval training (HIIT). British Journal of Sports Medicine 2019;53:655-664.

(5) Stensvold D, Viken H, Steinshamn S L, Dalen H, Støylen A, Loennechen J P et al. Effect of exercise training for five years on all cause mortality in older adults—the Generation 100 study: randomised controlled trial BMJ 2020; 371 :m3485 

(6) Lee I, Shiroma EJ, Kamada M, Bassett DR, Matthews CE, Buring JE. Association of Step Volume and Intensity With All-Cause Mortality in Older Women. JAMA Intern Med. 2019;179(8):1105–1112.

(7) Reddeman L, Bourgeois N, Angl EN, Heinrich M, Hillier L, Finn H, Bosiak B, Agarwal P, Mawson R, Propp R, Ivers NM. How should family physicians provide physical activity advice? Qualitative study to inform the design of an e-health intervention. Can Fam Physician. 2019 Sep;65(9):e411-e419. PMID: 31515329; PMCID: PMC6741803.

 (8) Chu P, Gotink RA, Yeh GY, Goldie SJ, Hunink MM. The effectiveness of yoga in modifying risk factors for cardiovascular disease and metabolic syndrome: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. European Journal of Preventive Cardiology. 2016;23(3):291-307.

 (9) Kim Blond, MSc, Majken K. Jensen, PhD, Martin G. Rasmussen, MSc, Kim Overvad, MD, PhD, Anne Tjønneland, MD, DMSc, Lars Østergaard, PhD, and Anders Grøntved, PhD. Prospective Study of Bicycling and Risk of Coronary Heart Disease in Danish Men and Women  Circulation Volume 134, Number 18

(10) Moore SC, Lee I, Weiderpass E, et al. Association of Leisure-Time Physical Activity With Risk of 26 Types of Cancer in 1.44 Million Adults. JAMA Intern Med. 2016;176(6):816–825.

 (11) Xie Y, Liu S, Chen XJ, Yu HH, Yang Y, Wang W. Effects of Exercise on Sleep Quality and Insomnia in Adults: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Front Psychiatry. 2021 Jun 7;12:664499.

(12)De Nys L, Anderson K, Ofosu EF, Ryde GC, Connelly J, Whittaker AC. The effects of physical activity on cortisol and sleep: A systematic review and meta-analysis. Psychoneuroendocrinology. 2022 Sep;143:105843. 

(13)Choi Y, Cho J, No MH, Heo JW, Cho EJ, Chang E, Park DH, Kang JH, Kwak HB. Re-Setting the Circadian Clock Using Exercise against Sarcopenia. Int J Mol Sci. 2020 Apr 28;21(9):3106.

(14) Gabriel BM, Zierath JR. Circadian rhythms and exercise – re-setting the clock in metabolic disease. Nat Rev Endocrinol. 2019 Apr;15(4):197-206.

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Comment réagir en cas de brûlures des yeux https://www.soins-rando-survie.com/brulures-des-yeux/ https://www.soins-rando-survie.com/brulures-des-yeux/#respond Thu, 07 Mar 2024 23:06:27 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3504 Savoir réagir à des accidents du quotidien, c’est le survivalisme. Nous allons voir pour démarrer deux situations banales, qui peuvent arriver à n’importe qui, la première étant moins grave que la deuxième. Première situation :Vous êtes fumeurs (ce n’est pas souhaitable, voir l’article suivant sur la 3ème cause de mortalité au monde), vous demandez à un… Lire la suite »Comment réagir en cas de brûlures des yeux

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Savoir réagir à des accidents du quotidien, c’est le survivalisme.

Nous allons voir pour démarrer deux situations banales, qui peuvent arriver à n’importe qui, la première étant moins grave que la deuxième.

Première situation :
Vous êtes fumeurs (ce n’est pas souhaitable, voir l’article suivant sur la 3ème cause de mortalité au monde), vous demandez à un ami de vous allumer votre cigarette en bouche. Il rapproche le briquet de votre visage et en raison d’un mouvement malencontreux la flamme vous arrive sur un œil : Aie.

Vous vous éloignez aussitôt en vous pressant une paume de main sur l’œil atteint et en grognant.

Savez-vous comment mieux réagir à ce moment ? Savez-vous si c’est grave ? On vous explique tout ci-dessous dans la partie brûlure thermique.

Deuxième situation, infiniment plus grave :
Vous êtes occupé dans la maison à faire X ou Y activité, et tout d’un coup tout s’arrête car votre enfant de 2 ans hurle brutalement.
Vous vous précipitez et vous le trouvez par terre près de la machine à laver avec des éclaboussures de lessive liquide partout et notamment sur le visage. La catastrophe.

VOUS DEVEZ REAGIR EFFICACEMENT EN QUELQUES SECONDES, LA VUE DE VOTRE ENFANT EST EN JEU ! Comment ? On vous explique tout.

I. Dans quelles situations surviennent les brûlures oculaires ?

Les principales circonstances de survenue sont : les accidents de travail (70 %), domestiques ou de loisirs (25 %) et les agressions avec comme objectif de défigurer et d’aveugler (5 %).

Avec plus de 25 000 produits chimiques susceptibles d’être à l’origine de brûlures, les lésions oculaires chimiques sont de loin les plus fréquentes (85 %). Leur gravité dépend de l’agent chimique en question. Elles sont parfois redoutables car malgré un traitement bien conduit elles peuvent aboutir à la perte de la vue, voire du globe oculaire.

Les brûlures thermiques quant à elles, s’accompagnent de lésions le plus souvent superficielles.

ATTENTION ! Chez les enfants âgés de moins de 5 ans ce sont les capsules de lessive liquide ou en poudre pour lave-vaisselle et machine à laver qui sont les plus fréquemment impliquées dans les brûlures oculaires car confondues avec des bonbons ou des jouets.

II. Deux grands types de brûlures : thermiques et chimiques (acides et bases).

Les brûlures thermiques

L’atteinte oculaire observée au cours des brûlures par le feu est rare, entre 1 et 5 %. Il s’agit le plus souvent de brûlures par flammes ou liquides chauds qui se produisent dans le cadre d’un accident domestique (la fameuse eau bouillante ou le café très chaud).

Grâce à la vitesse du clignement, le globe oculaire est protégé et les brûlures se limitent aux cils, sourcils et paupières. Cependant, on peut quand même observer au niveau de la fente entre les deux paupières, une lésion à type d’ulcération de la cornée et de la conjonctive.

Dans les brûlures par contact, avec des solides qui retiennent la chaleur (cendres de cigarettes, poudre à canon…) et qui tombent directement sur les yeux, les lésions sont profondes conduisant parfois à la perte du globe oculaire.

Les lésions oculaires les plus graves sont constatées chez des patients qui présentent en plus des yeux, des brûlures cutanées étendues du 3e degré associée au niveau de la face (bientôt disponible article : « Réagir à une brûlure »).

Une mention particulière doit être faite sur les feux d’artifices qui conduisent souvent à des brûlures oculaires gravissimes.

Les brûlures chimiques par des agents acides et basiques.

Il faut comprendre que les brûlures oculaires par des produits de type base (l’eau de Javel par exemple) sont plus grave que par des produits dits acides.
Cependant, les lésions occasionnées par les acides forts sont superposables à celles constatées avec les bases
car en dessous d’un pH de 2.5 les lésions sont profondes et destructrices. Parmi les acides, l’acide sulfurique ou vitriol (H2SO4) est responsable des accidents les plus graves (agressions dites « de jalousie » par le vitriol sont malheureusement fréquentes dans certains pays d’Asie).

Les bases, en plus d’être les plus graves, sont également les plus fréquemment impliqué (2/3 des cas), parmi lesquelles : l’ammoniaque (NH3), l’eau de Javel (hypochlorite de sodium), la soude (NaOH), la chaux… La destruction totale du globe oculaire est possible.

Brulure oculaire que faire, Soins Rando Survie

Exemple d’une destruction complète la cornée (partie la plus superficielle de l’œil) par une brûlure chimique acide.

III. Quels sont les symptômes d’une brûlure oculaire ?

La symptomatologie peut être très expressive avec une baisse de la vue, une peur de la lumière ou photophobie (en réaction à la douleur provoquée par la lumière), un larmoiement et une douleur importante avec une possible sensation de corps étranger.

L’œil est le plus souvent rouge, pouvant présenter une véritable nappe de sang.
On peut également assister à un blépharospasme qui correspond à un spasme des paupières rendant l’ouverture spontanée de ces dernières impossible.

IV. Le traitement d’urgence d'une brûlure oculaire.

De sa précocité et qualité dépend le devenir de la brûlure car le lavage influence de façon décisive l’évolution et le pronostic de la brûlure oculaire.

RINCER ABONDAMMENT. Le lavage de l’oeil doit durer 15 à 30 minutes avec environ 1,5 litre de solution. L’utilisation de sérum physiologique est préférable à l’eau. Si possible il faut éverser les 2 paupières (= retourner les paupières. si vous ne savez pas le faire, ce n’est pas un souci, ne perdez pas de temps en essayant).

Le lavage de l’oeil doit également être effectué en cas de brûlures thermiques car il contribue à diminuer la température à la surface du globe oculaire.

Dès que vous avez commencez le rinçage, contacter les secours.

Le traitement médical instauré en suivant aura comme objectif de contrôler la réaction inflammatoire (corticoïdes locaux) et de favoriser la cicatrisation (larmes artificielles, vitamines C…).

Brulure oculaire traitement, Soins Rando Survie

V. Quelques situations particulières.

Les brûlures oculaires liées au froid.

Les brûlures de l’oeil dues au froid surviennent lors d’exposition à des températures très basses dont l’effet est accentué par le vent puissant : accidents en haute montagne, pratique des sports par basse température (ski, course à pieds…), parachutisme.

Les lésions siègent dans l’aire de la fente entre les deux paupières. Elles peuvent revêtir l’aspect d’une simple irritation superficielle, d’une ulcération, d’un œdème ou d’une véritable gélation de la cornée. Là encore, on arrête l’exposition au froid puis on rince et on appelle les secours.

Les brûlures par les radiations.

Les brûlures par les rayons ultraviolets (400-280 nm) sont les plus fréquentes.
Les sources d’émission sont variées : exposition solaire prolongée lorsque les rayons sont fortement réfléchis (neige, mer, désert), soudure à l’arc, lampes désinfectantes ou bronzantes. Les rayons ultraviolets sont presque totalement absorbés par la cornée où ils entraînent le détachement des cellules et un œdème.

Environ 12 heures après l’exposition surviennent des douleurs, un larmoiement et une photophobie avec un œil possiblement rouge.
La guérison survient en 48 heures et est facilitée par la fermeture des paupières.

Les brûlures par les rayons infrarouges (700- 3000 nm) (explosions, éclipses solaires…) se limitent pour la cornée à une kératite, mais peuvent provoquer une cataracte.

V. En résumé :

Les brûlures oculaires sont des urgences absolues.
– Elles nécessitent une prise en charge immédiate, qui comporte la réalisation d’un lavage oculaire abondant et une consultation urgente avec un ophtalmologue.
– Essentiellement chimiques, elles peuvent aussi être thermiques ou radiques.
ATTENTION aux capsules de lessive liquide ou en poudre chez les enfants !

On pourrait également rajouter quelques petites notions :
Arrêter d’acheter des gadgets de survie qui ne vous serviront jamais à rien hormis vous rassurer pendant quelques minutes au moment de l’achat.
Procurez-vous plutôt des litres de sérum physiologique, c’est infiniment plus utile.
Et pour la date de péremption, ne vous inquiétez pas trop (on en parle dans nos formations : le programme ici) …
Vous pourrez toujours les utiliser avant cette fameuse date, ce n’est pas les situations qui manquent : le lavage des yeux et du nez après toute exposition à de la saleté/poussière, le lavage du nez quand vous souffrez d’un rhume, pour les parents avec des enfants en bas âge (lavage oculaire et nasale régulier), en cas de conjonctivite, en cas de picotement oculaire (fatigue sur port des lunettes notamment)… cependant : on se lave plus fréquemment les coudes que les yeux.

Brulure oculaire, protection, traitement, Soins Rando Survie– Tout comme expliqué dans notre article sur la trousse de soins (ICI), le meilleur moyen de ne pas être malade est de ne pas tomber malade donc encore une fois anticiper les situations à risques avant qu’elles ne surviennent : PORTEZ DES LUNETTES DE PROTECTION dans toutes situations possiblement à risque : quand on va à la mer, quand on fait du ski, quand on utilise des feux d’artifices (la plupart des gens pensent à mettre des gants mais pas des lunettes, pourtant entre une main et les yeux, la priorité est vite faite), quand on bricole notamment en utilisant des produits chimiques …

– Dans le même registre, TOUS LES PRODUITS CHIMIQUES DOIVENT ETRE HORS DE PORTÉE DES ENFANTS. 
Fermer les tiroirs qui comportent les assiettes c’est bien, mais ce n’est rien comparé à l’importance de ne pas laisser trainer les sachets en poudre du lave-vaisselle.

Ce qui est le plus dangereux, est ce à quoi l’on ne pense pas.

#Survivalisme#Brûlure#Yeux#Anticipation#LAVAGE

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

Soins Rando survie formation médicale pour la randonnée et la survie
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Comment augmenter ses chances de survie ? https://www.soins-rando-survie.com/comment-augmenter-ses-chances-de-survie/ https://www.soins-rando-survie.com/comment-augmenter-ses-chances-de-survie/#respond Tue, 20 Feb 2024 14:08:40 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3439 Pour entamer toute bonne discussion, il est nécessaire d’expliciter chacun des termes de l’énoncé : « Comment augmenter ses chances de survie en cas de rupture de la normalité ? » La survie : rupture de la normalité en milieu hostile « La normalité » correspond à l’état de référence, antérieur à la rupture. Classiquement, on entend… Lire la suite »Comment augmenter ses chances de survie ?

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Pour entamer toute bonne discussion, il est nécessaire d’expliciter chacun des termes de l’énoncé : « Comment augmenter ses chances de survie en cas de rupture de la normalité ? »

La survie : rupture de la normalité en milieu hostile

« La normalité » correspond à l’état de référence, antérieur à la rupture. Classiquement, on entend par normalité une situation temporelle et géographique permettant à chacun de mener une vie décente avec une certaine liberté, une situation dans laquelle l’élaboration de projets à court, moyen et long terme est possible.

« La rupture » est une expression qui peut renvoyer à un ensemble d’évènements caractérisé par le fait qu’ils présentent chacun une cassure avec l’état antérieur, l’état antérieur dit « normal ». Cette cassure peut être plus ou moins brutale et plus ou moins irréversible, mais elle a la particularité d’être toujours au moins en partie imprévisible. Même si des facteurs orientent sur la survenue d’un bouleversement géo-politique mondial, par exemple, les dates exactes de ce bouleversement et son ampleur sont non précisément quantifiables.

Prenons quelques exemples : vous êtes en randonnée, vous tombez et vous vous cassez la jambe. Il s’agit d’une rupture de la normalité qui est apparue brutalement, qui est imprévisible et qui peut conduire à des conséquences plus ou moins sévères (prise en charge médicale rapide sans réelle conséquence à long terme ou absence de secours et décès suite à l’impossibilité de se déplacer).

Un autre exemple caricatural est le déclenchement d’une guerre entre deux pays. Cet évènement survient davantage progressivement que la chute avec la jambe cassée et est donc davantage prévisible, même si la date de début et la forme sont incertaines. En revanche, ce sont les conséquences à court, moyen et long terme qui sont le plus grand mystère : extension du conflit à la région, répercussion économique sur d’autres pays, migrations de populations, etc.

Comment améliorer ses chances de survie

C’est un terme très intéressant et très difficile à définir précisément car la vie au sens large revêt une dimension à la fois métaphysique mais surtout très personnelle. Chaque personne qui lit cet article aura sûrement une définition différente de ce qu’est la vie, la vie humaine qui plus est.
Vie et survie sont deux termes intimement liés mais non identiques. La survie serait davantage la préservation de la vie, tandis que la vie, je laisse à chacun la liberté de définir ce terme comme bon lui semble (perpétuation de l’espèce ? quête du bonheur ? moment fugace avant l’au-delà ? …).

Si la survie est la protection de la vie, l’on comprend que chaque personne aura des objectifs différents dans la survie. Prenons quelques exemples concrets :

Si pour vous la notion de collectivité est au cœur de votre définition de la Vie (« Vivre avec et pour autrui »), vos objectifs de survie s’en ressentiront forcément. Vous serez à l’opposé du cliché du texan dans son bunker seul avec son fusil et ses boîtes de conserves. Vous serez beaucoup plus orienté vers les notions de partage de compétences, d’autonomie de groupe, de permaculture à grande échelle, de fabrication de maison autonome de grande taille, etc.

Si pour vous l’amour est au centre de l’existence avec notamment l’amour familial et la notion de transmission à vos enfants (et donc de sacrifice : votre « moi » personnel disparaît pour se fondre dans un « nous » familial), votre survie sera la protection de la vie de vos enfants. Dans cette optique, vous chercherez tous les moyens possibles pour assurer un futur prospère à votre descendance quitte à vous sacrifier pour cela.

Augmenter ses chances de survie

On pourrait modifier cette expression par « augmenter le nombre de situations dans lesquelles je suis capable d’atteindre mon but ».

Exemple : La situation est : « Je tombe dans l’eau ». Mon but est : « je ne veux pas mourir donc il ne faut pas que je me noie mais que j’atteigne un rivage ». Suis-je capable : « Est-ce que je sais nager ? ».
Si vous ne savez pas nager pour le moment et que dans le mois qui arrive, vous appreniez : vous avez augmenté de un le nombre de situations dans lesquelles votre but est de ne pas mourir.

Un autre exemple : La situation est « Je suis infecté par la gale ». Mon but est : « Je ne veux pas mourir donc il faut que je me soigne ». Suis-je capable « Sais-je soigner la gale ? ».

Augmenter ses chances de survie

On pourrait donc reformuler la question : « Comment augmenter ses chances de survie en cas de rupture de la normalité ? » par : « Comment augmenter le nombre de situations dans lesquelles je suis capable de protéger la vie qui fait sens pour moi, dans le cas où je vis dans un lieu et une époque ne me permettant plus de me projeter à court, moyen et long terme, suite à un évènement quel qu’il soit, non entièrement prévisible dans sa forme, dans sa date et dans ses conséquences. »

En allant un peu plus loin dans la synthèse, on pourrait écrire : « Comment augmenter le nombre de situations dans lesquelles je suis capable de maintenir pour moi et pour autrui une existence décente, et ce malgré la survenue d’un évènement imprévisible ? »

À l’instar de la définition de la vie, la notion de décence est propre à tout à chacun et peut être considérée comme « le minimum de la vie que je souhaite vivre ».

Cette question est beaucoup plus large que le simple domaine du survivalisme comme classiquement perçu. En effet, la survenue d’un évènement imprévisible (au moins en partie) peut être beaucoup plus simple que la troisième guerre mondiale, comme la perte d’un proche ou encore plus banale : la panne de sa voiture.

Dans ce dernier cas, la question à se poser en amont de la panne pourrait être : « Comment faire pour me rendre au travail sans voiture et ainsi pouvoir continuer à faire vivre mon foyer ? Et si je ne peux pas aller au travail sans voiture, comment faire vivre mon foyer dans ce cas ? »
On voit bien ici, la notion d’anticipation qui, comme en santé, est véritablement la base de la réflexion. Une situation anticipée en amont est une situation facile à gérer le moment venu.
Vous êtes vacciné contre la rage, le moment où vous êtes mordu par un animal sauvage est tout de suite beaucoup moins anxiogène et compliqué à gérer.

La notion d’anticipation implique une valeur fondamentale, et c’est pour cela que l’anticipation est difficile, qui est la remise en question de ses habitudes.
L’exemple le plus caricatural pour comprendre cette idée fondamentale du survivalisme au sens large est de penser à votre téléphone.

Vous avez absolument tout dedans, vos contacts téléphoniques, vos IP et mots de passe (dont vous n’avez même plus conscience), votre agenda, votre liste de travail, des adresses, les photos de vos vacances et de vos enfants, etc.
Vous le perdez ou il est volé et c’est tout cela qui s’envole en une seconde, c’est la panique.
Vous auriez anticipé et pour cela, pensé au fait que votre téléphone n’est pas éternel, aurait tout changé : Si vous aviez tout transféré sur votre PC, écrit sur un carnet les numéros de téléphones, IP et codes, imprimé les photos que vous aimiez vraiment, votre agenda, etc… la perte de votre téléphone aurait été au plus une bonne occasion de faire les magasins avec votre moitié pour en trouver un autre.

Que signifie être survivaliste

C’est avant tout, loin des clichés réducteurs, le fait d’anticiper des situations imprévisibles et pour cela de penser régulièrement à l’emprise des personnes et objets sur soi-même.

Nous aurons l’occasion dans d’autres articles de creuser cette notion de dépendance : dépendance de soi à son milieu et de son milieu à soi.

Formation médicale survie en milieu hostile

Une fois l’énoncé clairement explicité, nous allons réfléchir ensemble sur différents moyens pour augmenter le nombre de situations dans lesquelles « je » suis capable de maintenir pour moi et pour autrui une existence décente, et ce malgré la survenue d’un évènement imprévisible ?

On comprend bien qu’il est impossible de répondre précisément à cette question car la notion de décence est personnelle et les possibles « évènements imprévisibles » sont de l’ordre de l’infini. Il est en revanche possible de donner quelques pistes de réflexion.

Une existence décente est obligatoirement associée à la notion de besoin fondamental. Il n’est pas possible de fonder une communauté ou d’assurer la vie de ces enfants sans nourriture ni eau, sans abris, sans être capable d’assurer des soins à minima, etc.
Donc, pour réfléchir à la notion de décence et par là, à la vie que l’on souhaite vivre, il faut déjà savoir et pouvoir assurer le minimum vital.

Le minimum vital en France pour le moment (début 2024), globalement, ça va, mais là encore, on en revient à l’essence même du survivalisme : la mise en doute de son mode de vie actuel. « Un COVID bis ? » « La pollution des eaux potables à grande échelle ? » « Plus d’électricité ? », etc.
Avant de soigner en médecine, on commence par poser un diagnostic qui est l’étape la plus chronophage et la plus difficile de la prise en charge d’un patient. De même, avant de réfléchir à quoi faire, listez tout ce que vous faîtes lors d’une journée lambda. Puis, étudiez cette liste, en classant chacune des tâches dans une des trois catégories suivantes : vital, confort, inutile.
Attention cette liste n’est pas interchangeable entre individus, ce que vous catégorisez comme confort ou inutile ne sera sûrement pas pareil que votre voisin (le vital est un peu plus similaire à tous avec quand même quelques nuances).

Commencez par le vital en examinant ce dont vous avez eu besoin pour chacune des tâches.
Par exemple, pour faire cuire des pâtes, vous avez eu besoin d’eau potable, d’une source de chaleur, d’une casserole et de pâtes. Essayez alors de retirer un composant et cherchez à le remplacer : comment faire pour toujours avoir des pâtes au dîner s’il n’y a plus d’eau au robinet ? S’il n’y a plus de gaz ? Etc.

Chaque jour, nous faisons un nombre impressionnant d’activités essentielles sans même y réfléchir : boire, manger, être au chaud, être propre, dormir, faire ses besoins. Demandez-vous simplement que faire, non pas en cas d’apocalypse, mais plus simplement si votre chasse d’eau est cassée.
C’est un très bon exercice, simple et gratuit, qui permet de remettre en cause ce qui nous semble évident et acquis dans notre quotidien (également de relativiser en pensant à certaines populations de par le monde qui vivent dans des conditions précaires).

Chaque situation imaginée, réfléchie et donc anticipée est une « chance de survie » rajoutée à votre compteur.

Pour le confort : Hiérarchisez vos sources de confort et essayez d’en imaginer d’autres. Également très important mais beaucoup plus dur à faire est de penser aux répercussions sur votre santé mentale qu’engendrerait la suppression des différents moments de confort.
Un article entier sera dédié à la santé mentale en cas de rupture de la normalité.
Là encore, l’anticipation des conséquences de la suppression du confort doit être faite si l’on veut réellement se préparer à diverses situations. Serai-je plus stressé ? Plus triste ? Plus nerveux ? Davantage tenté par la solitude ? etc.
Si je pense que je serai davantage nerveux, quelles en seront les conséquences : davantage violent ? Serai-je toujours capable de diriger un groupe ? …

Pour l’inutile : Ne balayez pas d’un revers de main ce que vous pensez être inutile et une perte de temps. Demandez-vous pourquoi vous le faites et ce que cela vous apporte ? Ce n’est peut-être pas si inutile que ça y paraît.

Comparez votre liste à celle de votre moitié, c’est un bon moyen de comprendre l’autre. Et ainsi de réfléchir ensemble à diverses situations pour créer davantage de cohésion familiale nécessaire en cas de difficulté.

Augmenter ses chances de survie

Formation médicale : résister et s’adapter en survie et randonnéeEn résumé, on pourrait dire :
Tout est affaire de probabilité : plus nombreuses sont les situations inconfortables que vous anticipez, plus grandes sont vos « chances de survie ».
Le survivalisme est l’aptitude à mettre en doute ce qui semble acquis pour tous. C’est une idée positive mais qui ne doit pas verser dans l’extrême.
Le vieil adage qui dit : « il ne faut pas perdre sa vie à essayer de la gagner » pourrait se lire ici : « il ne faut pas perdre sa vie à essayer de la protéger ».
– Le survivalisme est une affaire personnelle, chacun a son idée de ce qu’est une vie qui mérite d’être vécue.
Ne soyez pas arrogant, soyez humble, ne jugez pas autre que vous-même, une vie entière ne suffit pas pour atteindre la perfection.

#Survie#Réflexion#Survivalisme

Découvrez ici comment vous protéger d’un tueur silencieux.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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Ne mourrez pas à cause du monoxyde de carbone (CO). https://www.soins-rando-survie.com/ne-mourrez-pas-a-cause-du-co/ https://www.soins-rando-survie.com/ne-mourrez-pas-a-cause-du-co/#respond Mon, 12 Feb 2024 17:48:25 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3343 Je vais vous raconter une petite histoire personnelle qui m’est arrivée pendant mes premières années d’exercice : De garde avec SOS médecin un dimanche matin, je suis appelé chez une dame de 75 ans, habituellement en bonne santé, qui présentait depuis la veille des vertiges et des vomissements. En discutant avec la patiente et en… Lire la suite »Ne mourrez pas à cause du monoxyde de carbone (CO).

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 Intoxication au monoxyde de carboneJe vais vous raconter une petite histoire personnelle qui m’est arrivée pendant mes premières années d’exercice :
De garde avec SOS médecin un dimanche matin, je suis appelé chez une dame de 75 ans, habituellement en bonne santé, qui présentait depuis la veille des vertiges et des vomissements.

En discutant avec la patiente et en l’examinant, je ne trouve rien pouvant m’aiguiller vers une maladie en particulier.
Je décide de faire hospitaliser la patiente pour davantage d’explorations (patiente seule à domicile qui plus est).

Pendant que je suis au téléphone avec le SAMU pour organiser le transport, un détecteur sonne dans mon sac à dos.
En regardant de plus près, il s’agissait du détecteur de monoxyde de carbone.

Conclusion, la patiente a passé deux jours sous haute concentration et pression d’oxygène pour intoxication au monoxyde de carbone CO en raison d’une chaudière défectueuse.

Reconnaître les signes d’intoxication au monoxyde de carbone

Détecter l’intoxication au monoxyde de carboneElle concerne chaque année en France des milliers de personnes avec des dizaines de morts. Par exemple sur la période 2016-2017 il y a eu 1 073 épisodes d’intoxication au CO impliquant 3 890 personnes.

Le monoxyde de carbone (= CO) est un gaz incolore, inodore, insipide et non irritant, ce qui le rend difficile à détecter par les personnes exposées. Il apparait lors d’une mauvaise combustion quelque soit la matière qui brûle, c’est le défaut d’arrivée d’air qui va en être la cause.

C’est l’exemple caricatural du vieux poêle à bois mal aéré ou de la veille chaudière encrassée.

Les principaux symptômes de l’intoxication au monoxyde de carbone sont aspécifiques avec des maux de têtes, des vertiges, une fatigue inhabituelle et des nausées-vomissements.

Le diagnostic sera établi via une prise de sang dans lequel on dose le monoxyde de carbone.

Le traitement consistera à exposé le patient à de forte concentration d’oxygène pur voir dans des caissons à forte pression (hyperbare) pour forcer l’oxygène à prendre la place du CO dans le sang.

Se prémunir de l'intoxication au monoxyde de carbone

Comment se protéger de l'intoxication au monoxyde de carbone (CO)

Au total, il s’agit dune cause de mortalité trop rare pour y penser systématiquement et trop fréquente pour ne pas s’y intéresser. C’est pourquoi l’achat d’un détecteur de CO est indispensable au même titre qu’un détecteur de fumée.
L’entretien de tous les appareils de combustion au domicile (et ailleurs) est bien évidemment indispensable.

Pour information, un détecteur de monoxyde de carbone vendu sur les sites médicaux coute environs 200 euros pour une durée de vie de 1 à 2 ans. Alors que les détecteurs disponibles en grande surface de bricolage type Leroy Merlin coûtent 30 euros avec une durée de vie de 10 ans (en étant constamment allumé pendant cette période). La différence est que dans les premiers, il y a un affichage de la concentration en particule de monoxyde de carbone et pas dans les seconds. Cette information n’a absolument aucun intérêt pour le grand public donc investir 30 euros pour se protéger pendant 10 ans d’un mal pernicieux et fatal semble être un bon rapport qualité-prix.

L’anticipation est la clé d’une bonne santé.
#Intoxication#CO#MonoxydeDeCarbone

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive la maladie du fumeur https://www.soins-rando-survie.com/la-maladie-du-fumeur-ce-nest-pas-le-cancer/ https://www.soins-rando-survie.com/la-maladie-du-fumeur-ce-nest-pas-le-cancer/#respond Mon, 05 Feb 2024 14:09:20 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3258 Non, il ne s’agit pas des cancers des poumons ou de la vessie (vous ne le saviez peut-être pas car moins connu, mais le tabac est la première cause de cancer de la vessie. Les substances inhalées se retrouvent stagnées dans la vessie entre deux mictions). La BPCO à ne pas confondre avec le cancer… Lire la suite »Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive la maladie du fumeur

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Non, il ne s’agit pas des cancers des poumons ou de la vessie (vous ne le saviez peut-être pas car moins connu, mais le tabac est la première cause de cancer de la vessie. Les substances inhalées se retrouvent stagnées dans la vessie entre deux mictions).

Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive et atteinte des poumons
Dommages du tabagisme sur les poumons et la vessie

La BPCO à ne pas confondre avec le cancer du poumon

Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive, de quoi s’agit-il ?

En quelques mots, le tabac va entrainer une obstruction des tuyaux où circulent l’air (les bronches) et une destruction des alvéoles (zones en aval des bronches dans lesquelles est stocké l’air pour en extraire l’oxygène), on parle de bulle ou d’emphysème.

Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive est-ce grave ? Oui, la BPCO c’est grave !

Il s’agit ni plus ni moins que la 3ème cause de décès dans le monde !

En France, un adulte sur 10 est touché.

Illustration conséquences BPCO Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive

Quels sont les symptômes de la Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive

– Une toux chronique (la fameuse toux du fumeur au réveil), d’abord sans crachats puis avec.
– Un essoufflement (d’abord pour des activités physiques importantes puis pour des activités physiques de plus en plus faible).

Il n’y a pas un jour qui se passe dans un service d’urgences sans prendre en charge un patient BPCO en crise (exacerbation).
En effet, avec cette maladie, vos poumons deviennent un parc d’attraction à bactéries, donc les infections graves y sont fréquentes.
Les patients, le plus souvent sans fièvre, rapportent une toux majorée depuis quelques jours avec des crachats verdâtres et de plus en plus de mal à respirer.
Il faudra alors le plus souvent les hospitaliser pour les soigner en utilisant des antibiotiques en perfusion et des aérosols.

Maladie du fumeur ou Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive

Un traitement ? Oui, un seul : arrêter de fumer.

On parle beaucoup des cancers et pas assez de la BPCO.
Un cancer du poumon et vous allez rapidement mourir; la Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) et vous allez vivre en luttant pour chaque bouffée d’oxygène.

Un patient BPCO qui est en permanence sous oxygène, qui a le thorax déformé tellement ses poumons sont détruits et qui fait un effort à chaque inspiration/expiration n’est pas une vie souhaitable.

Pour éviter la BPCO, arrêtez de fumer, faites de la rando, c’est mieux.
#Santé #Randonnée#Vivre#Anticipation

Dans le même thème, connaissez-vous le tueur silencieux ? On en parle ici.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

Soins Rando survie formation médicale pour la randonnée et la survie
Vers l'autonomie médicale

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Ampoule : ce qu’il faut faire https://www.soins-rando-survie.com/ampoule-ce-quil-faut-faire/ https://www.soins-rando-survie.com/ampoule-ce-quil-faut-faire/#respond Thu, 18 Jan 2024 17:26:14 +0000 https://www.soins-rando-survie.com/?p=3146 Comment prendre efficacement les ampoules en charge ? Avant d’expliquer ce qu’il faut faire et ne pas faire, commençons par expliquer rapidement de quoi il s’agit. La peau est composée de 3 couches. De l’extérieur vers l’intérieur, on a l’épiderme (en contact avec le milieu extérieur), le derme et l’hypoderme. Chaque couche a une fonction… Lire la suite »Ampoule : ce qu’il faut faire

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Comment prendre efficacement les ampoules en charge ?

Avant d’expliquer ce qu’il faut faire et ne pas faire, commençons par expliquer rapidement de quoi il s’agit.

Les ampoules, un décollement de l’épiderme

La peau est composée de 3 couches. De l’extérieur vers l’intérieur, on a l’épiderme (en contact avec le milieu extérieur), le derme et l’hypoderme. Chaque couche a une fonction bien particulière (l’hypoderme, par exemple, composé de gras, permet de limiter les échanges de chaleur avec l’extérieur) et est composée de cellules particulières.

 Comment soigner une ampoule en survie ou randonnéeUne ampoule correspond à un décollement de l’épiderme normalement accolé au derme. Entre les deux vient s’accumuler du liquide inflammatoire, ce qui a deux conséquences : l’irritation des terminaisons nerveuses de la peau (→ douleur) et la mort de l’épiderme avec desquamation de celui-ci, mettant ainsi à nu le derme avec les terminaisons nerveuses (→ douleur).
On a également une rupture de la barrière cutanée pouvant être responsable de l’entrée de bactéries dans la peau et donc l’apparition d’infections cutanées.

L’ensemble de ce phénomène apparaît suite à des frottements cutanés répétés (force de cisaillement qui sépare le derme de l’épiderme).
Le cas le plus typique d’ampoule est celui lié à des chaussures avec du jeu au niveau du talon.

Que faut-il faire pour soigner une ampoule en randonnée ou en survie

Les ampoules liées aux frottements cutanés répétés lors de la randonnéePremièrement, évitez leur apparition en limitant les frottements cutanés. Donc, serrez bien vos chaussures et tartinez de crème grasse (de la vaseline, par exemple) les zones de frottements naturels (aisselles et entre les cuisses principalement).

Deuxièmement, si vous n’avez pas pu éviter les ampoules : vous devez découper le toit de la vésicule, puis désinfecter et enfin recouvrir cette dernière avec un pansement. Je ne précise pas qu’il faut absolument arrêter les frottements de cette zone.

Découper le toit de la vésicule ? Oui, tout à fait, car cela permettra à l’ampoule de se vider et donc d’arrêter de décoller l’épiderme du derme de proche en proche par accumulation de liquide.
Il suffit tout simplement, à l’aide d’un ciseau, propre de découper un petit cercle de peau de quelques millimètres au sommet de la bulle.
En découpant simplement une petite partie de l’épiderme décollé, le reste de l’épiderme (l’enveloppe de l’ampoule) fera office de protection du derme sous-jacent, permettant ainsi à la nouvelle peau de se reconstituer.

Désinfectez de la même manière que d’autres blessures, mais ici, tamponnez avec une compresse et ne frottez pas, sous peine d’arracher le reste de l’épiderme.

Pourquoi faut-il recouvrir la plaie ? Pour limiter le risque de contamination, notamment la pénétration de corps étrangers tels que de la saleté ou de la terre à l’intérieur de la peau. Cela permettra également de réduire les frottements si vous devez malgré tout continuer à marcher, par exemple (pansement épais de rigueur ici).

Formez-vous à la santé, c’est essentiel. Notre corps nous accompagne pour la vie. #Randonnée#Running#Santé#ConnaissancesMédicales

Avant une rando ou un voyage, pensez à faire un bilan de santé, on en parle ici.

Dr Yves H. (médecin urgentiste)

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